Au terme du processus de scission avec IBM, Kyndryl a fait ses débuts comme société indépendante le 4 novembre, en même temps qu’elle faisait son entrée à la bourse de New-York. Elle hérite de l’activité de services d’infrastructure gérés, correspondant à l’ancienne division Global Technology Services d’IBM. La séparation donne naissance à un géant qui compte près de 90 000 employés et a réalisé plus de 19 milliards de chiffres d’affaires en 2020. « Le jour du lancement, nous sommes le plus grand fournisseur de services d’infrastructure informatique au monde », a déclaré Martin Schroeter, le premier PDG de Kyndryl.

IBM a opéré ce « spin-off » pour se recentrer sur ses activités les plus rentables et avec le meilleur potentiel. La nouvelle entité part donc avec des handicaps certains. « Nous avons un problème de croissance des revenus et nous avons un problème de rentabilité », a reconnu le PDG de Kyndryl devant les analystes le mois dernier. L’activité infogérance a en effet enchainé 3 années consécutives de baisse de ses revenus. Elle est également déficitaire avec une perte nette de 2,01 milliards de dollars en 2020 et de 943 millions de dollars en 2019.

Kyndryl dispose en revanche d’atouts indéniables. En plus d’être un mastodonte, l’entreprise peut faire valoir un capital intellectuel et une propriété intellectuelle inégalés. Elle dispose d’une large assise mondiale avec une présence dans 63 pays et avec 459 centres de données sous sa gestion. Même si son siège est à New-York, 92% de ses employés travaillent en dehors des États-Unis. Après la scission, elle demeure un partenaire privilégié d’IBM, qui reste d’ailleurs toujours actionnaire à hauteur de 20%, mais désormais libre de développer un écosystème avec les partenaires et les technologies de son choix.

Son plus gros atout est sa base de 4400 clients parmi les grandes entreprises mondiales (notamment 75% du Fortune 100) et surtout la connaissance intime de leurs systèmes d’information. Kyndryl va pouvoir capitaliser dessus pour se réorienter vers des activités à plus forte valeur ajoutée, notamment dans le domaine du cloud ou de l’IA, où elle a pu bénéficier des investissements massifs faits par IBM avant la scission.

En plus des six domaines de pratique autour desquels elle a organisé ses activités, l’entreprise affiche ses ambitions sur la partie conseil et mise en œuvre. L’accélération de la transformation digitale lui offre un contexte favorable pour opérer ce virage. Une stratégie qui va cependant nécessiter du temps. Martin Schroeter a reconnu qu’il ne s’attendait pas à une remontée du chiffre d’affaires avant 2025, notamment en raison des investissements à opérer pour renforcer les compétences, expérimenter un nouveau modèle commercial et mettre en place les nouveaux partenariats.