La mobilisation de la filière électronique, sur place et dans le monde, s’amorce sous diverses formes: anticipation des difficultés à venir, réactions anti-spéculation, initiatives de soutien.

 

Symptomatique du contexte actuel dans lequel évolue l’ensemble de la filière électronique, l’actu en bref (daily express) affichée par le site DRAMeXhange ce jeudi 17 mars se réfère à l’attitude «wait and see» de la demande qui caractérise le marché Spot des mémoires flash. Peu de transactions, prix légèrement en baisse. Passé le premier choc du séisme, mais face à l’incertitude croissante liée à la gravité de la menace nucléaire, certains industriels concernés commencent à communiquer. Mais avec force retenue. Une chose est sûre: chacun « surveille la situation de près », comme l’indiquait ce matin un porte-parole d’Alcatel-Lucent à Reuters.

Sur place, chez Toshiba, Sony, Fujitsu Hitachi ou Sharp, on affirme que la production a repris son cours. Compte tenu, toutefois, des soucis d’alimentation électrique, difficile de dire qu’il s’agit d’un cours normal. NTT a tenu à faire savoir, par un communiqué que les services de ses data centers restent totalement opérationnels. « Les services d’entreprise IP-VPN et e-VLAN ont été partiellement indisponibles dans la région de Tôhoku. Mais NTT Com fait tout son possible afin de rétablir la situation. Le réseau de câbles sous-marins reliant le Japon aux Etats-Unis et à d’autres régions de l’Asie a été partiellement endommagé, mais l’entreprise dispose de nombreux câbles de secours lui permettant de maintenir un service ininterrompu malgré tout ».

Des arrêts de production qui n’ont été que temporaires

 

Concernant la situation de Toshiba, en tant que premier fournisseur de mémoires flash, celui-ci a tenu à préciser que l’usine touchée par le séisme produit des puces logiques et non des puces mémoire. Et que les arrêts de production de mémoires NAND n’ont été que temporaires, le vendredi 11 mars. Même réaction de la part de Elpida Memory, fabricant de DRAM.Mais ce jeudi 17 mars, Toshiba et Hitachi ont confirmé la fermeture pour un mois d’une de leurs usines d’assemblage de petits écrans LCD destimés aux smartphones.

 

A l’image de leurs fournisseurs, partenaires et/ou concurrents japonais, les industriels directement concernés communiquent sur les possibilités d’approvisionnement multi-sources qui permettent de faire face aux (éventuelles) tensions à venir. A commencer par les asiatiques, Samsung, PSC etc, qui ne tiennent pas à anticiper les changements de tactique de leurs clients, fabricants de PC, de téléphones et autres équipementiers.

Volatilité des marchés


Apple ? qui très logiquement a repoussé le lancement de l’iPad 2 au Japon ? est particulièrement concerné. Avec les difficultés de ses fournisseurs nippons ? dont les fabricants de DRAM mais aussi des composants nécessaires aux écrans. Tensions qui s’ajoutent aux ruptures de stocks du produit fini déjà affichées outre-atlantique.Mais le lancement (prévu pour le 25 mars) de ce côté-ci de l’atlantique s’annonce sans retard ni entrave, si ce n’est l’allongement des délais de livraison (comme aux USA, cinq semaines de délai sur Apple Store on line).

En Europe, Sony Ericsson reconnaît que le séisme va se traduire par des perturbations de supply chain. « Nous sommes en contact avec tous nos fournisseurs clef de la région (…) et étudions des sources secondaires d’approvisionnement », note le fabricant de téléphones portables. Même tonalité, réservée, chez le franco-italien STMicroelectronics. Ce que reflète, sur tous les fronts, la volatilité des marchés boursiers, fluctuant au gré de la situation au Japon. Les valeurs hightech étaient néanmoins en hausse ce jeudi, tant à Paris et à Francfort qu’au Nasdaq, après plusieurs séances de baisse sensible.