En annonçant son départ de la présidence de Cheops Technology, Nicolas-Leroy-Fleuriot a créé la stupéfaction. Il s’explique sur les raisons de ce départ.
Channelnews : Pourquoi avez-vous annoncé votre départ de la présidence de Cheops Technology pour le 30 avril 2022 ?
Nicolas Leroy-Fleuriot : C’est un souhait uniquement de ma part. J’ai toujours dit, même à ceux qui ne le croyaient pas, que je ne ferai jamais le mandat de trop. Il faut savoir tirer sa révérence avec élégance. Le TGV est entré en gare et j’ai eu l’opportunité de descendre. On n’a qu’une vie. Le temps passe à toute vitesse et les journées ne font que 24 heures. J’espère donc qu’à partir de mai 2022, si Dieu me prête vie, je pourrai avoir plus de temps à consacrer à mes passions : les automobiles, les courses, les avions et les animaux. Pour autant je deviens le troisième actionnaire de l’entreprise et je reste membre du conseil d’administration, ce qui me permettra de surveiller de près ce qu’il s’y passe. Je serai donc toujours présent pour Cheops et pour mes coéquipiers s’ils ont besoin de moi…
Channelnews : Vous êtes entré en négociations exclusives mi-décembre avec deux fonds d’investissement Aquiline Capital Partners et Edmond de Rothschild Equity Strategies (ERES) pour céder le contrôle de Cheops Technology. Qu’est-ce qui vous a incité à franchir le pas et pourquoi avoir choisi ces deux fonds ?
Nicolas Leroy-Fleuriot : Tout s’est joué en 2021. Personnellement, j’ai été très impacté mentalement par le deuxième confinement. Au même moment, les offres de rachat en provenance de fonds d’investissement ou de confrères se sont faites de plus en plus nombreuses. C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Carjat et Stéphane Leroy m’ont contacté. Je les ai écoutés. Ils m’ont expliqué qu’ils souhaitaient acheter une entreprise en France susceptible de servir de socle d’acquisition pour constituer un grand acteur du Cloud à l’échelle européenne. Ça correspondait à ma stratégie initiée fin 2020 avec le rachat de DFI Services en Suisse. Surtout, ils avaient le soutien d’un fonds, Aquiline, capable d’injecter rapidement beaucoup d’argent, sans endetter l’entreprise. J’y ai vu un moyen d’accélérer son développement sans risquer de mettre l’entreprise en difficulté avec un développement trop rapide. Certes Cheops dispose d’une trésorerie de plus de 30 M€. Mais c’est insuffisant pour se lancer à la conquête de l’Europe à grande échelle. Ils ont même accepté de faire entrer à ma demande un investisseur français, le fonds Edmond de Rothschild Equity Strategies (ERES), afin de garantir la souveraineté de l’entreprise aux yeux de ses clients. Je n’aurais jamais accepté un adossement à un confrère. Celui-ci aurait fini par se séparer des managers et de l’infrastructure cloud. Il y aurait eu trop de risques que Cheops perde sa substance – et donc ses salariés – et la conquête de l’Europe n’aurait probablement pas été à l’ordre du jour.
Channelnews : Sur la base de quelle de valorisation avez-vous entamé les négociations ?
Nicolas Leroy-Fleuriot : Comme nous sommes cotés sur Euronext, le prix est public. La valeur des titres est au prix de 78,26 euros par action, soit, compte tenu des 2,3 millions d’actions en circulation, une valorisation de 180 millions d’euros auxquels s’ajoutent la trésorerie nette. Au final et compte tenu de l’injection de liquidités prévue pour faire des acquisitions, l’opération sera comprise entre 300 et 400 M€.
Channelnews : Certains salariés et clients sont inquiets. Ils appréhendent votre départ tant vous incarnez la réussite de Cheops Technology. Ce succès ne risque-t-il pas de s’étioler sans vous ?
Nicolas Leroy-Fleuriot : Mon départ ne changera rien. Cheops Technology, c’est plus de 600 personnes. Je ne les porte pas seul. Le management reste en place. Et il est très soudé et stable. Je pense notamment au directeur général délégué, Didier Delhoste, qui devient directeur général adjoint, au directeur général délégué en charge des opérations, Thierry Loiseau, au directeur général adjoint en charge du Cloud, Patrick Vibert. Moi, je ne suis que l’artiste de la bande. Je ne suis pas inquiet pour la suite. D’autant qu’Emmanuel Carjat et Stéphane Leroy ont cette expérience à l’international et dans les fusions-acquisitions dont l’entreprise a besoin.
Channelnews : Quels sont exactement vos projets pour l’après-Cheops ?
Nicolas Leroy-Fleuriot : Mes activités vont être multiples, et je me prépare d’ores et déjà à un mois de mai plutôt chargé.
Je suis depuis juillet 2019 le président de la compagnie aérienne de jets privés Jetkey que je détiens à 50-50 avec le groupe Fayat. Je prévois de me consacrer en partie au développement de cette compagnie aérienne, dont le métier est absolument passionnant. Je prépare notamment l’acquisition d’un avion transatlantique. Ces derniers mois, j’ai acquis un avion mono-moteur de type Cessna 182 T pour enfin passer mon brevet de pilote privé et pouvoir piloter à terme les jets dont nous sommes propriétaires. Je souhaite également contribuer au développement du garage de voitures de course et de collection donc je suis co-actionnaire avec mon copilote en rallye, Adrien Audibert. Je souhaite construire à partir de 2022 ce que j’ai appelé le garage 2.0 qui deviendra un lieu de vie avec un restaurant intégré au milieu des voitures et de l’ensemble de l’univers automobile. Parallèlement, je souhaite consacrer un peu plus de temps à ma carrière de pilote automobile en faisant un peu plus de courses que ce que je n’ai pu faire ces dernières années par manque de temps. Enfin, j’escompte bien me consacrer en grande partie à la défense et à la protection animale en me rapprochant encore plus de la LPO présidée par mon ami Allain Bougrain-Dubourg, et de la SPA présidée par le général Jacques Charles Fombonne. Je passerai cette fois-ci d’un soutien purement financier à l’action sous toutes ses formes pour cette cause. J’ambitionne de créer un grand refuge animal dans la gestion duquel j’aimerais impliquer des personnes en réinsertion.