L’ancien PDG de Memodis a accepté de s’exprimer sur les circonstances qui ont conduit l’année dernière à liquidation du grossiste spécialisé en solutions de stockage. Il témoigne également sur les obstacles auxquels il se heurte dans son actuelle recherche d’emploi.

Il y a un an, vous avez mis fin à l’activité de Memodis, l’entreprise de distribution que vous aviez créée il y a 20 ans. Que s’est-il passé ?

Olivier Brasa : Depuis quelques années, les marges n’allaient pas dans le bon sens et nous avions commencé à perdre des contrats ou à devoir partager nos contrats existants avec d’autres grossistes, les fournisseurs se tournant de plus en plus vers des partenaires capables de leur assurer une distribution pan-européenne. C’est ce que j’avais stigmatisé à l’époque en parlant de globalisation des référencements. Nous n’avions pas cette couverture européenne mais nous avions une bonne expertise dans le lancement de nouveaux produits de stockage, qui nous rendait incontournables sur le marché français. Du moins pour les marques qui n’avaient pas la notoriété suffisante et qui n’étaient pas en mesure de garantir le volume de chiffre d’affaires qu’exigent les grands distributeurs généralistes. Mais lancer de nouvelles marques est consommateur de temps, d’énergie et d’argent. Cet effort d’implantation n’est possible que si l’on peut travailler dans la durée avec les marques concernées de façon à générer de la récurrence. En quelques mois nous avons ainsi perdu plusieurs contrats qui avaient produit des retours sur investissement faibles ou insuffisants.

Pouvez-vous préciser lesquels ?

Olivier Brasa : En l’espace de trois mois, nous avons perdu CommVault, Huawei et Quest. CommVault avait déjà ouvert Arrow mais cela ne nous avait presque pas impacté. Du coup, Arrow est monté au créneau pour obtenir la résilition de notre contrat. Même scénario pour Huawei qui a basculé subitement son contrat sur Arrow. Quant à Quest, l’activité, déjà peu florissante sous l’ère Dell, s’est arrêtée presque du jour au lendemain après le rachat de la société par un fonds d’investissement. Tous les efforts d’implantation que nous avions faits, notamment autour de la marque Bakbone, ont été réduits à néant.

Qu’est-ce qui vous a poussé à tout arrêter ?

Olivier Brasa : Il me restait des contrats avec des marques comme Quantum ou Overland qui intéressaient d’autres grossistes. J’en avais trouvé un intéressé par notre expertise de veille et d’implantation de marques qui était prêt à reprendre nos contrats et quelques salariés et à me confier un projet d’incubateur de solutions innovantes. Pour autant, il n’était pas question de rachat ou de transfert de fonds de commerce. Dans la perspective de ce nouveau projet, je me suis donc résolu à cesser l’activité de Memodis via une liquidation à l’amiable. C’est moi qui me suis occupé de toutes les démarches, notamment sociales. Les dix-huit salariés ont été indemnisés par la structure et la plupart sont partis avec des propositions. La majorité des fournisseurs ont été payés et il y a eu au final très peu de dommages.

Vous recherchez actuellement un emploi. Votre projet initial n’a donc pas marché ?

Olivier Brasa : Il a été abandonné par l’entreprise intéressée avant qu’il ne se concrétise. Du coup, une fois, les démarches liées à la liquidation achevées et après un break pour raisons familiales, je me suis mis en recherche d’un projet qui m’intéresse. J’aimerais rejoindre un constructeur ou un éditeur, voire un distributeur à un poste de direction générale  ou de direction commerciale.  Je mène en parallèle des entretiens d’embauche, des missions d’audit et de consulting auprès d’anciens clients ou partenaires.

En tant qu’ancien chef d’entreprise, vous ne devriez avoir aucun mal à retrouver un emploi. Et pourtant vous dites vous heurter à un certain nombre de préjugés. Lesquels ?

Olivier Brasa : En effet ! En théorie, mon profil à de quoi séduire les recruteurs. Ma capacité à entreprendre, à innover, à prendre des risques, à gérer une équipe, à gérer des fournisseurs, ma compréhension des problématiques financières, etc. devraient être autant d’atouts. Mais, en pratique, on a tendance à m’opposer mon absence d’expérience chez un fournisseur, mes prétentions supposément trop élevées ou encore une trop grande autonomie… En réalité, mon profil est atypique et ne coche pas toutes les cases demandées par les recruteurs pour ce type de poste.