L’éditeur suisse spécialisé dans la gestion de l’expérience utilisateur s’est engagé dans une course contre la montre en annonçant viser une introduction en bourse à l’horizon 2020. Un objectif qui implique pour lui de changer d’échelle. Nexthink est ainsi passé en moins de trois ans du mode « seeding » au mode scale-up, rappelle Christophe Bouchardeau, directeur Europe du Sud de Nexthink. En 2015, l’activité de la société était encore essentiellement cantonnée à la Suisse et à la France et son effectif était inférieur à 100 collaborateurs. En cette fin 2018, elle opère sur l’ensemble des continents (Europe, USA sur trois fuseaux horaires, Asie/Pacifique, Moyen-Orient) et son effectif est sur le point de franchir le cap des 400 collaborateurs. En France l’effectif atteint une vingtaine de collaborateurs contre 8 début 2015.

Mais il lui reste du chemin à parcourir pour être éligible à la cotation : son plan prévoit 120 à 150 millions de dollars de revenus récurrents d’ici à 2020, contre 43 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel estimé par Owler. Dans un entretien accordé en mars dernier à l’Agefi, son président-fondateur Pedro Bados précisait que Nexthink devrait aussi viser à l’échéance 2020 environ 2.000 clients (contre 900 à ce jour), entre 600 et 800 employés et une part significative de son chiffre d’affaires réalisé aux États-Unis (au minimum 40%).

Depuis deux ans, l’entreprise a déjà beaucoup changé. Son modèle s’est structuré autour de la souscription, alors que ses ventes étaient principalement constituées de licences perpétuelles accompagnées de contrats de maintenance auparavant. Son réseau de distribution a évolué également. Son réseau historique de VARs (Tenedis, Easydesk, ACESI, ObjectLine…) est toujours actif et impliqué. Mais, en France, leur nombre n’a pas évolué depuis trois ans. En revanche, Nexthink a développé des partenariats avec des acteurs venus du conseil, tels Devoteam ; du service desk, tels Econocom, Helpline et Proservia ; et des services managés, tels Atos, Fujitsu, Wipro, HCL…

Le rapprochement avec des sociétés de conseil s’explique par l’emphase mise depuis deux ans sur les grands comptes. Nexthink a identifié en France une soixantaine de grands comptes et de grandes administrations avec lesquels il souhaite engager. Il s’est donc tourné naturellement vers quelques-unes des sociétés qui les conseillent habituellement dans leurs projets de transformation comme Devoteam, mais aussi Onepoint ou Fujitsu. Econocom, Helpline et Proservia ont sélectionné la technologie de Nexthink parmi les briques qu’ils utilisent pour améliorer l’efficacité de leurs prestations dans le cadre du volet innovation de leurs contrats de helpdesk. Même démarche pour les grands MSP, qui intègrent sa technologie dans leur « factory ».

L’offre aussi s’est diversifiée avec, en complément de son collecteur d’événements sur les postes de travail, deux nouveaux modules. Le premier, « Engage », permet à l’IT de qualifier le ressenti des utilisateurs et d’en suivre l’évolution ; l’autre, « Act », apporte des fonctions d’aide à la remédiation et de remédiation automatisée. Une évolution qui fait dire à Christophe Bouchardeau que Nexthink est passé en deux ans d’un outil d’analyse à un outil de gouvernance. Un nouveau credo illustré par la nouvelle signature « end user experience management » qui a remplacé l’ancien « end user analytics »