Mistral AI a annoncé dimanche avoir bouclé un second tour de financement de 385 millions d’euros, portant sa valorisation à 2 milliards de dollars selon des sources financières. Cette pépite française de l’IA entre ainsi dans le club des licornes avant même son premier anniversaire.

« Depuis la création de Mistral AI en mai, nous suivons une ambition claire : créer un champion européen à vocation mondiale dans l’intelligence artificielle », déclare son PDG Arthur Mensch dans le communiqué de l’entreprise.

Le tour de table de Serie A a été conduit par les fonds californien Andreessen Horowitz et LightSpeed Ventures, déjà présents lors du tour d’amorçage de 105 M€ au printemps dernier. Parmi les bailleurs de fonds figurent Salesforce, BNP Paribas et CMA-CGM, ainsi que les investisseurs General Catalyst, Elad Gil, Emerson Collective et Conviction.

Il s’agit de la seconde plus grande levée en France cette année (derrière les 850 M€ du fabricant de batteries électriques Verkor) et ce dans un contexte de net décrue des financements. Au niveau européen, elle se rapproche aussi des 486 M€ levés en juillet par la startup allemande rivale Aleph Alpha.

« En sept mois d’existence, nous avons remporté des succès majeurs, notamment à travers l’adoption massive de Mistral 7B, notre premier modèle, qui a révélé notre entreprise au grand public. La levée de fonds que nous annonçons aujourd’hui, combinée au lancement de notre plateforme et de notre nouveau modèle ouvert Mixtral 8x7B, marque une nouvelle étape majeure dans notre dynamique d’accélération », a également déclaré Arthur Mensch.

Polytechnicien et normalien, le dirigeant âgé de 31 ans, a passé près de trois ans chez DeepMind, le laboratoire d’IA de Google. Ses associés Timothée Lacroix et Guillaume Lample ont été ingénieurs chez Meta, participant à la création du modèle de langage LLaMA. Ce trio constitue l’atout maitre de la startup, qui emploie aujourd’hui 25 salariés.

L’annonce de la levée intervient aussi 48 heures après la conclusion de l’accord politique sur l’IA Act. Ce règlement européen sur l’IA résulte d’un âpre compromis entre les volontés de réguler et de ménager l’innovation.

Pour défendre ses intérêts, Mistral AI peut compter notamment sur l’ex-secrétaire d’État au Numérique Cédric O, qui est son « conseiller fondateur » et également membre du Comité interministériel sur l’IA générative. Non sans susciter de réactions.

« J’observe, par exemple, la startup Mistral AI, elle fait du lobbying, c’est normal. Mais nous ne sommes dupes de rien. Elle défend son business aujourd’hui, et non, l’intérêt général », s’était agacé le mois dernier le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton dans un entretien à La Tribune.