S’appuyant sur une note technique secrète envoyée par Intel à ses partenaires OEM, Le Magit révélait il y deux jours que le CEO du fondeur, Brian Krzanich, avait vendu la moitié de son portefeuille d’actions, réalisant ainsi une belle plus-value, tout en ayant connaissance de la faille Spectre qui risquait de porter atteinte au cours du titre. En effet la note avait été envoyée le 29 novembre, le même de jour de la cession. L’ordre de vente avait été donné il est vrai presqu’un mois plus tôt, le 30 octobre, mais rien n’empêchait le patron d’Intel de stopper l’opération. Le cabinet d’avocats Block & Leviton de Boston, à l’origine de class actions contre Volkswagen et Mercedes accusés d’avoir équipés certains moteurs diesels de logiciels tricheurs, a d’ailleurs entamé une action collective contre Brian Krzanich pour fraude boursière. Il estime que la société devait être au courant des problèmes bien avant le 30 octobre. Circonstance aggravante pour le cabinet, tout cela s’est passé longtemps avant que l’existence des failles ne fut rendue publique.

Cela dit, bien que le cours de bourse se soit effectivement effondré lors de cette divulgation, il a pris des couleurs depuis et ne s’est jamais si bien porté qu’aujourd’hui. Même les problèmes causés par les correctifs des microcodes censés combler les failles ne l’ont pas affecté. Mieux encore, la publication des résultats a eu un effet dopant non seulement sur l’action mais aussi sur Wall Street. Il est vrai que la firme de Santa Clara a dépassé les attentes des analystes.

Dopé par l’activité Datacenters dont les revenus ont bondi de près de 20% à 5,6 milliards de dollars, le chiffre d’affaires a progressé d’un peu plus de 4% à 17,1 milliards de dollars, alors que les analystes tablaient sur 16,3 milliards de dollars. Si le quatrième trimestre enregistre une perte de 687 millions de dollars, ou 0,15 dollar par action, c’est à cause de la réforme fiscale récemment adoptée par Washington. Hors éléments exceptionnels, Intel aurait dégagé un bénéfice de 5,2 milliards de dollars, ou 1,08 dollar par action, en croissance de 34%, là où Wall Street attendait 0,86 dollar. Sur l’ensemble de l’exercice, Intel engrange un chiffre d’affaires de 62,8 milliards de dollars, en croissance de 6%, et un bénéfice de 9,6 milliards de dollars, en baisse de 7%, soit un bénéfice par action de 1,99 dollar.

Pour le trimestre en cours, la société prévoit un chiffre d’affaires d’approximativement 15,0 milliards et un bénéfice par action de 0,65 dollar. Pour l’ensemble de l’année, elle table sur des revenus d’environ 65 milliards de dollars, alors que Wall Street prévoyait 63,7 milliards de dollars, et un bénéfice par action de 3,30 dollars.