Le gouvernement américain, qui cherche à limiter le développement par la Chine de supercalculateurs exascale, va interdire à plusieurs fabricants de ce pays suspectés d’avoir des liens avec l’armée d’acheter sans autorisation préalable des technologies américaines, notamment des microprocesseurs fabriqués par Intel, AMD et Nvidia.

La liste établie par le département américain du Commerce comprend Sugon, l’Institut de technologie informatique de Wuxi Jiangnan (qui appartient à l’armée), Higon, Chengdu Haiguang Integrated Circuit et Chengdu Haiguang Microelectronics Technology ainsi que leurs filiales. Parmi celles-ci figure Thatic, ou Tianjing Haiguang Advanced Technology Investment, une co-entreprise avec AMD. Ces entreprises « présentent un risque important d’être ou de devenir impliquées dans des activités contraires aux intérêts des États-Unis en matière de sécurité nationale et de politique étrangère », a fait savoir le département du Commerce.

L’ambassade de Chine à Washington n’a pas réagi à une demande de commentaire de Reuters, qui rapporte l’information.

La station China Radio International, a déclaré samedi dans un éditorial que cette décision faisait partie d’une série d’actions récentes des États-Unis violant l’accord établi par le président Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping en Argentine en décembre dernier.« Que ce soit pour supprimer la technologie chinoise ou son développement économique à long terme, ou pour faire pression sur la Chine dans les négociations commerciales, les Etats-Unis n’atteindront pas leurs objectifs », a déclaré l’éditorialiste.

Les États-Unis, la Chine, l’Union européenne et le Japon se sont engagés dans la fabrication de supercalculateurs offrant des puissances de calcul de l’ordre de l’exaflop (1 milliard de milliards d’opérations par seconde).

En mars dernier, un groupe gouvernemental américain a annoncé qu’il travaillait avec Intel et Cray afin de fournir d’ici l’année prochaine l’ordinateur le plus rapide du pays, destiné notamment au pilotage d’armes nucléaires. De leur côté, le ministère de l’Énergie et le laboratoire national d’Argonne travaillent avec Intel et Cray sur un supercalculateur baptisé « Aurora with Intel », un projet estimé à 500 millions de dollars.

La semaine dernière, Nvidia a indiqué qu’il collaborait avec le Japonais Softbank pour permettre à ses puces de fonctionner avec celles d’ARM (filiale de Softbank) destinées aux supercalculateurs. Le vice-président de l’unité Accelerated computing de Nvidia, Ian Buck, a déclaré à Reuters que cet effort visait les clients européens et japonais, plutôt que les groupes chinois, qui se tournent de plus en plus vers les puces nationales. « En ce qui concerne la Chine, je pense qu’ils ont clairement indiqué qu’ils poursuivent une stratégie nationale en termes d’accélérateurs et de processeurs, et c’est clairement ce qu’ils font », a-t-il conclu.