Les relations se tendent entre Sage et ses quelque 140 partenaires CCS (centres de compétence) suite à la décision de l’éditeur de modifier ses conditions de distribution contractuelles.

Selon nos informations, des dizaines d’entre eux ont adressé des courriers d’avocats à Sage ces derniers jours pour lui signifier qu’ils refusaient catégoriquement les nouvelles dispositions théoriquement applicables au 1er avril. Jugeant que ces dernières mettent en péril leur modèle économique, ils menacent d’aller au contentieux si Sage ne fait pas marche arrière.

Ce durcissement de ton intervient alors que Sage a consenti un certain nombre de concessions par rapport à son projet initial. L’éditeur a notamment accepté de décaler d’un an l’application de son nouveau barème de remises sur le chiffre d’affaires récurrent – duquel les partenaires tirent le gros de leurs revenus. Et ses quelque quarante premiers CCS – les platinum dans sa nouvelle segmentation – ont obtenu que leur remise de base ne soit amputée que de 5% au lieu des 10% initialement annoncés.

Pour autant, le compte n’y est pas pour la grande majorité des partenaires. Notamment pour les plus petits qui vont perdre jusqu’à 50% de leur rémunération. « Les petits partenaires n’ont plus d’avenir. Sage veut clairement nettoyer son réseau et les poussant à se faire racheter », juge le patron d’un gros CCS.

Le processus a d’ailleurs commencé : deux petits partenaires, le montpelliérain SNG et le nantais ADSI PME, viennent coup sur coup d’être rachetés, respectivement par Koesio Data Solutions Sud et Proxiteam (via sa filiale Apogea). Et tous les partenaires s’accordent à dire que ce n’est que le début. Une consolidation que Sage encourage sans complexe, en promettant des remises supplémentaires à ceux qui atteindront 12% de croissance annuelle sur leurs contrats Sage, croissance externe y compris.

Mais même pour les gros partenaires, la nouvelle politique commerciale de Sage représentera potentiellement un manque à gagner de plusieurs centaines de milliers d’euros par an s’ils ne parviennent pas à atteindre les objectifs de croissance extrêmement optimistes fixés par l’éditeur.

Des objectifs de croissance d’autant plus inaccessibles que Sage n’a toujours pas réussi à imposer une alternative full web à sa solution phare vieillissante la ligne 100. Après l’échec de Sage Live, les partenaires viennent d’apprendre que son offre SBCC (Sage Business Cloud compta), sur laquelle ils travaillaient depuis déjà plusieurs mois, ne sortira finalement pas.

Contacté pour commenter ces informations, Sage n’a pas répondu.