Après un crash mémorable au début de la pandémie de Covid-19, le Nasdaq-100 – l’indice de la bourse de New York qui abrite notamment les principaux géants de la tech et l’ensemble des GAFAM – a repris du poil de la bête, dopé notamment par le recours au télétravail, le commerce électronique et le développement du cloud. Il a même tutoyé des sommets.  Certaines entreprises comme Amazon, Facebook et Zoom Video Communications ont ainsi dépassé les points culminants qu’elles avaient atteint avant la crise.

Les sociétés technologiques riches en liquidités sont devenues un refuge en période de turbulence sur le marché, encombrant les investisseurs avec un petit nombre d’actions telles qu’Alphabet, Amazon, Microsoft et Apple, estime Jamie Cox, directeur associé du conseiller financier Harris Financial Group. « Détenir des valeurs technologiques dans l’environnement actuel n’est pas considéré comme spéculatif mais au contraire plus sûr que détenir des marques grand public traditionnellement sûres », a-t-il expliqué à Reuters. Il a par ailleurs rappelé que de nombreuses grandes entreprises technologiques paient désormais des dividendes attractifs.

Mais certaines voix craignent que cette sécurité ne durera pas et que le ralentissement de l’économie réelle ne finisse par rattraper les investisseurs. « Peu importe qui vous êtes, vous avez besoin de clients sains qui ont un budget pour vous payer », a déclaré à nos confrères Kevin Landis, gestionnaire de portefeuille chez Firsthand Funds, qui est d’avis que les entreprises dans lesquelles il détient une participation comme le spécialiste du streaming Roku ou la plateforme d’apprentissage en ligne Chegg auront du mal à se développer si le chômage reste élevé. « Si l’économie en souffre dans son ensemble, cela finira par renverser la vapeur pour les entreprises technologiques », assure-t-il.

« Les entreprises ressentent la nécessité d’investir dans la technologie, car les employés habitués à travailler à domicile voudront continuer à le faire avec de meilleures configurations chez eux », a de son côté indiqué Brian Jacobsen, spécialiste en matière d’investissement chez Wells Fargo Asset Management Multi-Asset Solutions. « Mais à un moment donné, il devra y avoir un revirement économique pour justifier ces dépenses. »

L’impact d’un ralentissement durable de l’économie a jusqu’à présent été masqué par les mesures de relance du Congrès ou de la Réserve fédérale croit savoir de son côté Jim Callinan, gestionnaire de portefeuille de l’Osterweis Emerging Opportunity Fun, qui s’attend à une chute « démesurée » du Nasdaq si ces mesures ne débouchent pas sur une reprise. « Nous devons vraiment nous assurer que les consommateurs vont bien et se sentent bien dans leur environnement économique », a-t-il conclu.