Un niveau d’inflation plus élevé qu’anticipé (+8,3% en avril sur un an aux États-Unis) a accéléré mercredi la glissade des marchés et plus fortement encore des valeurs technologiques. Depuis le début de l’année le Nasdaq a lâché 27% contre 17% pour l’indice du S&P 500. Malgré un moindre recul, ce dernier connait pourtant son pire début d’année depuis 1932.

Les marchés craignent que les mesures prises par les banques centrales pour contrer l’inflation ne déclenchent une récession ou du moins un fort ralentissement économique. Une crainte amplifiée par l’impact de la guerre en Ukraine et les risques que font peser les sévères confinements  sur l’économie chinoise.

La remontée des taux d’intérêt pénalise toutes les actions car plus ils sont élevés, plus ils pèsent sur les profits futurs des entreprises. Elle pénalise encore plus les valeurs technologiques et de croissance avec une rotation qui s’effectue au profit des actions ou des actifs jugés défensifs.

Les titres des entreprises qui s’étaient envolés grâce aux mannes de liquidités et l’effet Covid plongent tout aussi brutalement. Emblématique, l’action Zoom ne vaut plus que 85 dollars contre un plus haut à 559 dollars en octobre 2020. Sur le front des GAFAM, Apple s’en sort le mieux avec une baisse de 20% depuis le début de l’année contre plus de 40% pour Meta (Facebook). Mais comme un symbole, la firme à la pomme a perdu mercredi sa couronne de première capitalisation au monde, regagnée par le géant pétrolier Saudi Aramco.

Avec cette correction sévère les grands fonds d’investissement technologique boivent la tasse. Le fond star Ark Innovation, géré par Cathie Wood, a perdu 55% depuis le début de l’année et 70% depuis son pic de février 2021. Softbank vient d’annoncer une énorme perte de 27 milliards de dollars sur ses Vision Fund pour l’année fiscale clôturée en mars.

Les entreprises technologiques américaines qui ont investi dans des titres d’autres entreprises le paient aussi lourdement. Selon CNBC, elles ont accumulé 17 milliards de dollars de pertes au premier trimestre et le second s’annonce pire.

Même déconfiture sur les cryptomonnaies. Sa vedette, le bitcoin a lâché près de 30% en une semaine pour replonger jusqu’à 26 000 dollars, son plus bas niveau depuis décembre 2020. Ce compartiment ultra spéculatif a vu 200 milliards de dollars partir en fumée sur la seule journée de mercredi.

Jusqu’où ira la baisse des valeurs technologiques ? Le Nasdaq a déjà glissé d’un record absolu de 16 212 points en novembre dernier à moins de 11 300 points. Il avait touché un point bien plus bas à 6 631 points en mars 2020 avec le début de la crise sanitaire. L’indice reste d’ailleurs en progression de 50% sur trois ans et de 290% sur dix ans. Mais le souvenir de l’éclatement de la bulle internet en 2000 est maintenant dans toutes les têtes.