L’autorité française de régulation des télécoms (Arcep) et l’agence française de la transition écologique (Ademe) font le constat suivant : si les usages numériques se poursuivent au rythme actuel, l’empreinte carbone du numérique en France pourrait augmenter de 45% en 10 ans et atteindre 25 millions de tonnes équivalent CO2 d’ici 2030. Cette empreinte pourrait même tripler d’ici 2050, si l’on garde 2020 comme l’année de référence.

Pour rappel, 79% de l’empreinte française du numérique provient des équipements (ordinateurs, écrans, objets connectés, etc.), 16% des centres de données (serveurs, routeurs, switchs, baies de stockage, etc.) et 5% des réseaux (fixes, mobiles et backbone).

La fabrication des équipements est responsable de 80% des émissions de carbone. Parmi ces terminaux, les smartphones (14,3%), les téléviseurs (13,7%), les PC portables (12,4%) et les ordinateurs de bureau (10%) sont les plus incriminés en matière d’émissions. Suivent les tablettes (4,7%), les petits objets connectés (3,8%), les imprimantes (3,5%), les écrans (3,4%), les consoles de jeux (2,6 %) et les box internet (2%).

« Avant même que nous n’utilisions notre dernier smartphone, téléviseur ou ordinateur flambant neuf, il a déjà produit près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre qu’il émettra durant sa (trop courte) vie », note l’étude. « De l’extraction de terres rares à l’assemblage des composants, la fabrication de ces terminaux est, de fait, fortement émettrice en CO2 ». Pour comparaison, la distribution ne représente qu’1% des émissions.

A la fin du rapport d’une centaine de pages, l’Ademe dégage 4 scenarios à l’horizon 2050 pour engager une réflexion sur le secteur du numérique et les choix de vie de notre société.

  1. « Génération Frugale » : un scenario qui permettrait d’atteindre une réduction de l’impact carbone par rapport à la situation de 2020 avec un impact carbone de 9,4 Mt eq CO2
  2. « Coopérations Territoriales » permettraient d’atteindre une relative stabilité de l’impact carbone par rapport à la situation de 2020, avec un impact carbone de 22,8 Mt eq CO2
  3. « Technologies Vertes » serait très similaire au scénario tendanciel. L’impact carbone atteindrait un niveau de 48,7 Mt eq CO2
  4. « Pari réparateur » aurait des conséquences importantes en termes d’augmentation de l’empreinte carbone du numérique. « Cela nécessiterait des efforts considérables dans d’autres secteurs pour arriver à endiguer les impacts de ce scénario ou un recours plus massif aux stratégies de captation et séquestration carbone, qui conduirait à multiplier par pratiquement 4,7 les impacts carbone du numérique par rapport à 2020 et par 1,6 par rapport au scénario tendanciel 2050 pour atteindre 81,1 Mt de CO2 en 2050 ».

Les quatre scenarios visent à la neutralité carbone mais le scénario 4 est beaucoup plus vulnérable à la pénurie de ressources que le scénario 1.