Les avancées de la startup chinoise d’IA DeepSeek ont provoqué lundi une onde de choc sur les marchés boursiers, entrainant un repli de plus de 3% de l’indice Nasdaq. La semaine dernière, la société a dévoilé son modèle DeepSeek-R1, présenté comme un rival de o1 d’OpenAI, aux performances comparables mais pour un coût de développement très largement inférieur.

Deepseek a été fondée en 2023 par Liang Wenfeng, co-fondateur et ancien gestionnaire de High-Flyer, un fonds spéculatif quantitatif axé sur l’IA. La startup avait déjà attiré l’attention le mois dernier avec un article affirmant que son modèle phare DeepSeek-V3 avait été entrainé pour moins de 6 millions de dollars, en utilisant seulement environ 2 000 puces Nvidia H800.

La startup s’est engagée sur un modèle open source, rendant accessibles ses modèles à la communauté mondiale tout en favorisant leur adoption par les chercheurs et le grand public. L’application de Chatbot basée sur DeepSeek-V3 s’est d’ailleurs hissée cette semaine en tête des applications téléchargée sur l’Apple Store devant ChatGPT. Le modèle est aussi devenu le plus téléchargé sur la plateforme HuggingFace

DeepSeek-R1, publié sous licence MIT, offre une liberté totale de modification et de commercialisation, le rendant lui aussi très attractif pour les chercheurs et les entreprises. Surtout le coût d’accès à son API est très inférieur à celui d’OpenAI : 2,19$ par million de tokens, soit 6 fois moins que o1-mini et près de 30 fois moins que o1.

L’émergence d’un tel concurrent interroge sur l’avancée technologique réelle des Américains dans l’IA. Ni les contrôles sur les exportations de puces, ni les montants colossaux investis dans les infrastructures d’IA ne semblent avoir atteint l’objectif de garder à distance le grand rival chinois. DeepSeek montre aussi qu’il est envisageable de développer des modèles performants, sans avoir besoin forcément de recourir aux puces les puissantes et les plus couteuses.

Cette perspective vient fragiliser les géants technologiques américains, à commencer par Nvidia, dont l’action a plongé lundi de plus de 16%, effaçant 500 milliards de dollars de valorisation.