Arrêtée le 1er décembre au Canada à la demande des Etats-Unis qui l’accusent d’avoir violé des sanctions américaines à l’encontre de l’Iran, la directrice financière et vice-présidente du conseil d’administration d’Huawei, Meng Wanzhou, par ailleurs fille du fondateur du fabricant chinois, Ren Zhengfei, a été libérée mardi sous caution. Lors d’une audience à Vancouver, en Colombie-Britannique, le juge William Ehrcke a exigé le versement d’une caution de 10 millions de dollars canadiens (6,6 millions d’euros) rapporte Reuters. Parmi les conditions de sa mise en liberté sous caution, la dirigeante âgée de 46 ans doit porter un bracelet électronique et à l’interdiction de quitter son domicile de 23 heures à 6 heures du matin. Elle doit être accompagnée par des agents de sécurité lorsqu’elle quitte sa résidence. Meng Wanzhou déposera une caution en espèces de 7 millions de dollars canadiens, cinq personnes se portant garantes du solde. « Je suis convaincu que, compte tenu des faits, le risque de ne pas être présente à l’audience doit être réduit à un niveau acceptable en imposant des conditions de mise en liberté provisoire », a déclaré le juge, ajoutant qu’il était également persuadé que MengWanzhou était une femme d’affaires instruite, sans casier judiciaire. La dirigeante a reçu l’ordre de comparaître de nouveau devant le tribunal le 6 février prochain.

Meng Wanzhou a siégé de février 2008 à avril 2009 au conseil d’administration de Skycom Tech, une entreprise basée à Hong Kong et, semble-t-il, contrôlée par Huawei. Fin 2010, le bureau de la société à Téhéran a proposé, en dépit des sanctions américaines, de céder pour environ 1,3 million d’euros de matériel HP à l’opérateur Mobile Telecommunication Company of Iran. Au moins 13 pages de la proposition étaient estampillées « Huawei Confidential » et comportaient le logo du constructeur. Celui-ci a nié que le matériel ait été livré.

Meng Wanzhou est officiellement accusée de complot en vue de frauder plusieurs institutions financières. Si sa responsabilité est avérée, elle risque une peine de prison de 30 ans pour chaque accusation.

Le président américain Donald Trump a déclaré à Reuters qu’il interviendrait dans le dossier si cela servait les intérêts de la sécurité nationale ou contribuait à la conclusion d’un accord commercial avec la Chine.

Pékin avait menacé le Canada de graves conséquences s’il ne libérait pas la dirigeante immédiatement, et des analystes ont déclaré que des représailles chinoises étaient probables. On ne sait pas s’il y a une liaison avec cette affaire, toujours est-il qu’un ancien diplomate canadien en Chine, Michael Kovrig, vient d’être arrêté dans la capitale chinoise. Selon Reuters, le motif de cette arrestation n’est pas clair. Michael Kovrig, qui parle le mandarin, travaille en tant qu’expert à temps plein depuis février 2017 pour l’International Crisis Group, une ONG basée à Bruxelles qui récolte des informations en vue de prévenir et résoudre des conflits meurtriers.

En 2014, le canadien Kevin  Garratt et son épouse avaient été arrêtés une semaine après qu’Ottawa ait accusé la Chine d’avoir piraté son système informatique national. Accusé d’espionnage, Kevin Garratt avait été relâché et expulsé après deux ans de détention.