Le PSE d’IBM France, qui prévoit le départ de 1.251 salariés sur base du volontariat mais aussi au travers de licenciements contraints si le quota n’est pas atteint, devra être retoqué. Ainsi en a décidé la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Dirrecte). Dans une lettre d’observation de 7 pages, elle reproche notamment à Big Blue de ne pas avoir intégré dans son projet d’accord les mesures d’accompagnement des licenciements contraints. « Il ne pourra par conséquent pas être considéré comme un accord PSE au sens de la procédure de licenciement économique collectif engagée », indique-t-elle, demandant à la société de négocier avec les représentants du personnel un nouvel accord ou à retranscrire dans un document séparé les mesures négociées du plan. Elle demande aussi à IBM de préciser que les départs contraints interviendront avant le transfert des salariés vers la nouvelle entité Newco prévu à partir du 1er septembre prochain.

IBM est par ailleurs accusé de regrouper les salariés par métiers et non par catégories professionnelles comme le veut la législation en cas de licenciements contraints, ce qui pourrait mettre en difficulté les salariés amenés à occuper un autre poste. La Direccte souligne aussi que les postes d’encadrement supérieurs ne ressortent pas dans le document, ce qui laisse entendre que les personnes occupant des postes stratégiques sont interchangeables avec tout salarié de la même catégorie. Elle souhaite là aussi que l’entreprise se rapproche des représentants du personnel.

L’administration rappelle par ailleurs à la direction qu’elle doit respecter un principe de non-discrimination dans les critères d’ordre de licenciement, notamment concernant les critères d’âge et d’ancienneté.

Elle considère enfin qu’une partie des mesures, notamment en ce qui concerne les congés de reclassement, ne sont pas à la hauteur des moyens de l’entreprise. Elle demande « que compte-tenu du contexte économique actuel et du démarrage de ces congé en période estivale » d’en revaloriser la durée et la rémunération dans le cadre de négociations syndicales, « qui seraient plus en rapport avec les moyens du groupe IBM ».

Dans une déclaration commune, l’intersyndicale d’IBM « constate avec amertume le temps perdu par l’entêtement de la direction d’IBM, celle-ci n’ayant jamais voulu prendre en compte ces points qui lui ont pourtant tous été présentés à de multiples reprises par les Organisations Syndicales lors des réunions de négociations ».

Les élus du CSE sont invités à donner ce vendredi 19 mars un avis anticipé sur le PSE. Sans préjuger de ce qui sortira de la réunion, on peut s’attendre à des discussions ardues. La CFDT estime que les deux projets en cours, le PSE et la scission « vont quasiment diviser par deux les effectifs en 2021, amplifier la désorganisation au sein d’IBM France, décupler la charge de travail des salariés restants et pénaliser durement l’avenir d’IBM France SAS ». Rappelant qu’en 2020 à peine 7,5% de l’effectif avait moins de 35 ans, elle considère que le manque de recrutement de jeunes est de plus en plus problématique et compromet gravement l’avenir de la filiale.

La CGT continue quant à elle à s’opposer au PSE. « Un avis favorable serait inquiétant pour Newco et les salariés d’IBM France », nous a expliqué un responsable syndical. « Les 1.000 salariés qui vont partir ce sont les plus heureux », a-t-il ajouté.

Parmi ces mille salariés devraient figurer des membres de la direction si l’on en croit La Lettre A, qui cite les noms de Bruno Després, DRH France, et d’Olivier Laurens, directeur des affaires sociales de la filiale. « S’il n’a encore affiché aucun choix, selon des sources concordantes, il pourrait lui aussi emboîter le pas du DRH », rapportent nos confrères à propos de ce dernierSelon eux, certains commerciaux très bien rémunérés pourraient également profiter « d’un financement équivalent à 60 % de la rémunération pendant quatre ans jusqu’à la retraite ». Du jamais vu chez IBM.