La Commission européenne vient de publier un document sur sa stratégie numérique. Il s’agit d’un vaste plan de modernisation qui devrait être formulé en 2019 pour une mise en application dès 2022. Ce plan doit répondre aux besoins spécifiques de la Commission mais également servir d’épine dorsale pour l’ensemble des services publics à l’échelle de l’Union européenne.

Le document préconise par ailleurs d’examiner la possibilité « de co-créer des solutions dans divers domaines stratégiques avec les parties prenantes extérieures (entreprises, citoyens et administrations des États membres) afin de mettre en œuvre des services publics numériques de pointe sur des plateformes partagées et de promouvoir la participation en ligne dans les affaires de l’UE ». La Commission est également invitée à partager sa vision et ses outils, non seulement avec l’ensemble de l’UE, mais aussi avec les pays voisins et « d’autres régions et réseaux pertinents. »

Comme le voit, c’est un vaste projet. Il doit s’appuyer sur une vaste plateforme élaborée autour d’un catalogue contenant des services et des composants réutilisables, des solutions « open source », une architecture institutionnelle, des normes, des bonnes pratiques, des services de soutien et de conseil, etc

Les composants réutilisables peuvent être fondés sur des développements spécifiques réalisés par les différentes Directions générales de la Commission « afin de maximiser les synergies et de tirer parti des investissements existants ». Cela permettrait également de favoriser la normalisation, réduire les redondances, accroître l’interopérabilité ou encore de renforcer la sécurité.

Ce qui attire le plus l’attention dans ce programme est la préférence explicite pour le logiciel libre, ce dont se félicite le CNLL (Conseil national du logiciel libre, désormais Union des Entreprises du Logiciel Libre et du Numérique Ouvert) qui espère que l’ensemble des administrations européennes, y compris l’administration française, emboîteront le pas à la Commission. Un débat avait en effet opposé en 2015 et 2016 le CNLL, et d’autres associations du logiciel libre, à la secrétaire d’État Axelle Lemaire, dans le cadre de la consultation citoyenne qui avait entouré la rédaction de la loi « pour une République numérique ». Malgré un réel soutien populaire à une proposition donnant la priorité au logiciel libre, et un vote en ce sens du Sénat, Axelle Lemaire avait repris dans sa loi, un simple « encouragement à l’utilisation des logiciels libres et des formats ouverts lors du développement, de l’achat ou de l’utilisation [de systèmes d’information au sein de l’administration », cédant ainsi selon le CNLL « aux pressions des lobbies d’éditeurs propriétaires ».