Intel termine son exercice 2022 sur une accélération baissière, gravement affecté par le contexte économique et le retournement de ses principaux marchés. Selon son PDG Pat Gelsinger, les vents contraires auxquels la société fait face depuis le 2e trimestre ont amené les résultats dans le bas de la fourchette cible, sans laisser entrevoir d’espoir de reprise avant le second semestre 2023.

Au quatrième trimestre, le chiffre d’affaires s’est élevé à 14 Md$, en chute de 32% en glissement annuel. Le résultat net plonge dans le rouge avec une perte de 700 M$, alors que le groupe engrangeait 4,6 Md$ de bénéfices sur le même trimestre un an plus tôt. Les résultats annuels sont plombés par une telle fin d’exercice. Le chiffre d’affaires accuse une baisse de 20% à 63 Md$. Le résultat net s’établit à 8 Md$ alors qu’il frôlait les 20 Md$ en 2021, soit un recul de 60%.

Les résultats par activités sur le dernier trimestre montrent que les deux activités phares du groupe sont touchées de plein fouet. L’activité du Client Computing Group (CCG) reflète en pire l’état actuel du marché du PC. Ses revenus sont en chute de 36% à 6,6 Md$. On aurait pu penser que la forme persistante des hyperscalers soutiendrait l’activité Data center et AI mais ce n’est pas le cas. Les revenus sont en baisse de 33% à 4,3 Md$. Les autres activités font mieux mais pèsent bien moins lourds dans les revenus globaux : Network and Edge (-1% à 2,1 Md$), Accelerated Computing Systems and Graphics (+1% à 247 M$), Intel Foundry Services (+30% à 319 M$) et Mobileye (+59% à 565 M$).

Le premier trimestre de 2023 devrait être tout aussi difficile avec des revenus prévus entre 10,5 et 11,5 Md$, ce qui représenterait une baisse de 37,5% d’une année sur l’autre si le haut de la fourchette est atteint. La perte nette devrait atteindre 800 M$. La visibilité est de plus si mauvaise qu’Intel se refuse à faire des prévisions pour le reste de l’exercice.

Dans ce climat perturbé, Pat Gelsinger a tenté de se montrer ferme à la barre. « Nous nous concentrons sur ce que nous pouvons contrôler. Chaque aspect de notre exécution, de notre gestion des coûts et de notre transformation est entre nos mains. Et nous sommes à un stade avancé d’exécution sur ces différents chemins », a-t-il déclaré.

Une allusion au plan de mesures drastiques de réductions des coûts annoncé en octobre dernier, qui prévoit des suppressions de postes et une réorganisation des activités, avec l’objectif de diminuer les dépenses de 3 Md$ en 2023 et de 8 à 10 Md$ d’ici 2025.

Faisant valoir aussi une roadmap de produits bien remplie et une avancée rapide dans les procédés de fabrication, le PDG d’Intel a aussi réaffirmé que la société restait sur la bonne voie pour surpasser ses rivaux dans les capacités avancées de fabrication de puces d’ici 2025.

Des déclarations qui n’ont pas rassurés les investisseurs, avec une chute de l’action Intel de 10% à l’ouverture des marchés au lendemain des résultats.

« La baisse des ventes, combinée aux coûts fixes substantiels de la société, entraînera une perte nette plus importante au premier trimestre et le troisième déficit commercial au cours des quatre dernières périodes de reporting », s’inquiète un analyste d’AJ Bell cité par Reuters.

« L’ampleur de la détérioration est stupéfiante et soulève des préoccupations potentielles sur comment la situation de trésorerie de l’entreprise évoluera au fil du temps », renchérit un porte parole de Bernstein.