Un an après avoir pris les commandes d’Intel, Pat Gelsinger a organisé sa première réunion avec les investisseurs. Il leur a détaillé sa stratégie de croissance à long terme et essayé de les convaincre qu’Intel pouvait retrouver sa couronne de champion des semi-conducteurs. Le PDG en est persuadé, le marché est à l’aube d’un nouvel âge d’or et Intel dispose de tous les atouts pour s’affirmer comme la « prochaine grande société de croissance », dans un marché qui devrait doubler pour atteindre un billon de dollars à la fin de la décennie.

Les objectifs présentés sont ambitieux. Alors que ses revenus ont augmenté de 2% sur son dernier exercice, Intel vise une croissance annuelle de son chiffre d’affaires de 10 à 12% à partir de 2025. En 2025-2026, le fabricant de puces s’attend à ce que sa marge brute atteigne 54 à 58% et que les flux de trésorerie disponibles représentent 20% du chiffre annuel. De belles perspectives qui ont pourtant laissé les investisseurs sceptiques, l’action d’Intel reculant de plus de 5% en bourse au lendemain de la présentation.

Les investisseurs semblent s’être focalisés sur des perspectives immédiates nettement moins reluisantes. Sur l’exercice en cours, le chiffre d’affaires est attendu à 76 milliards de dollars en hausse de 1,7%. Pour financer le plan massif de redressement, les dépenses nettes en capital devraient atteindre 27 milliards de dollars. Intel s’attend ainsi à des flux de trésorerie négatifs de 1 à 2 milliards de dollars en 2022.

Dans une  phase intermédiaire dite « d’investissement 2023-2024 », Intel s’attend à ce que sa croissance soit dans la borne « moyenne à haute » d’une croissance à un chiffre. La marge brute commencerait à progresser entre 51 et 53% et les flux de trésoreries disponibles seraient neutres. Ce n’est donc qu’en 2025 et au-delà qu’Intel commencerait à récolter pleinement les fruits de ses investissements avec un net redressement de l’ensemble des indicateurs.

Quand bien même le plan serait parfaitement suivi, les trois ans nécessaires peuvent paraitre un pari un peu long pour les investisseurs. Au-delà de la qualité d’exécution, ils s’interrogent sur les perspectives de croissance sur les différents segments de marché où Intel est investi, passée le pic de la demande liée à la pandémie. Reste aussi à concrétiser l’immense défi technologique que s’est lancé Intel. Devancé par ses concurrents sur les procédés de gravure, le fondeur a fait le choix de mettre en production cinq nœuds de fabrication sur une période de quatre ans.

Cela a commencé avec Intel 7, le nœud précédemment appelé 10 nanomètres Enhanced SuperFin, qui est entré en production l’automne dernier avec les processeurs clients Alder Lake et se poursuivra à partir de l’été avec les processeurs Raptor Lake fin 2022. Suivront les nœuds Intel 4 (Meteor Lake, 2023), Intel 20A (Arrow Lake, 2024) et Intel 18A (Lunar Lake, 2024). Au terme de cette feuille de route bien remplie, Intel espère qu’il aura repris l’ascendant en termes de performances, de technologies et d’efficience énergétique de ses puces.

 

Crédit photo : Intel