Remettre le channel dans le « game » de la virtualisation. C’est la promesse qu’a formulée HPE le 20 février dernier lors du lancement de son offre autonome de virtualisation VM Essentials (VME), en annonçant qu’elle serait exclusivement commercialisée par les partenaires et qu’elle serait assortie de marges arrière bonifiées pouvant aller jusqu’à 10,5%. Une façon de se démarquer de VMware, dont le rachat par Broadcom fin 2022 a eu pour effet de restreindre considérablement l’accès de ses partenaires historiques à ses produits.
Basée sur KVM (Kernel-based Virtual Machine), un hyperviseur intégré au noyau Linux depuis la version 2.6.20 en 2007 sous licence GPL (General Public License), VME est issu d’un développement interne de Morpheus Data, l’éditeur de la plateforme de gestion cloud Morpheus CMP, que HPE a racheté en août dernier. Au-delà de son positionnement « channel only » et de sa rémunération incitative, HPE met en avant deux atouts déterminants de VM Essentials : sa tarification au socket, nettement plus attractive que la tarification au cœur de VMware – les partenaires parlent d’économies potentielles de l’ordre de 30% par rapport au coûts de licensing VMware –, et son intégration avec Morpheus – fourni en bundle en version allégée – lui permettant de gérer à la fois des machines virtuelles VMware et KVM. De quoi faciliter la transition en douceur d’un environnement à l’autre.
Des caractéristiques qui suscitent de fait l’intérêt des partenaires français de HPE, une centaine d’entre eux ayant déjà téléchargé des versions d’évaluation de la solution, se félicite Roméo Carreira, directeur des ventes channel SMB et distribution chez HPE France.
Un intérêt confirmé par les échanges que nous avons pu avoir avec quelques-uns d’entre eux. « [VM Essentials] constitue une alternative intéressante pour les entreprises souhaitant diversifier leurs environnements et réduire leur dépendance à VMware, tout en restant intégrées à l’écosystème HPE, souligne Georges Esteves, directeur technique national de Cheops Technology. Toutefois, elle doit encore gagner en maturité et en compatibilité applicative avant de s’imposer comme un véritable concurrent sur le marché », ajoute-t-il.
De fait, VME souffre encore de certains défauts de jeunesse. « Il lui manque par exemple quelques fonctionnalités avancées, telles que le Stretch Cluster – qui permet de basculer automatiquement une production d’un data center à un autre – et sa compatibilité avec les autres acteurs d’infrastructure et l’écosystème de sauvegarde est encore limitée », observe pour sa part Grégoire Malabard, PDG de X9000. Autant de réserves qui la cantonnent selon lui aux environnements de test plutôt qu’à la production pour le moment. Mais, au vu de la roadmap présentée par HPE, il parie sur une solution suffisamment aboutie d’ici la fin de l’année, pour commencer à la proposer sérieusement aux clients.