Le chiffre d’affaires réalisé par les 319 éditeurs français de logiciels a atteint 16 milliards d’euros en 2018. C’est un milliard d’euros de plus qu’en 2017, soit une progression de 10%. C’est ce qui ressort du panorama 2019 du secteur publié par Syntec Numérique et EY France. Si le Top 10 des éditeurs réalise une croissance de 5 % par rapport à 2017 contre 14% un an plus tôt, la hausse atteint 18% pour les autres éditeurs. Autre point positif : 75% des éditeurs ont enregistré une croissance de leurs revenus.
Le poids des grands éditeurs est toujours aussi important dans le secteur puisque 11% des éditeurs réalisent 77 % du chiffre d’affaires. Le nombre d’éditeurs réalisant plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires a d’ailleurs fortement augmenté depuis l’édition 2012 du Top 250, puisqu’ils représentaient alors à peine 7 % du total contre 17 % aujourd’hui.
L’édition 2019 du panorama confirme la montée en puissance du SaaS, dont le chiffre d’affaires représente en 2018 37% du total, contre 21% en 2017. « Cette tendance devrait s’accentuer sur les prochaines années pour le SaaS puisque le Cloud/SaaS constitue une priorité technologique pour 49% des éditeurs, largement devant d’autres enjeux tels que la mobilité, la sécurité ou encore l’intelligence artificielle », explique dans le document Jean-Christophe Perret, partner chez EY. « Plus largement, la commercialisation de licences sous forme d’abonnement semble s’imposer comme le modèle du futur puisque 80% des éditeurs le positionnent comme le mode de contractualisation privilégié à l’avenir. »
Bien qu’identifiées comme un facteur clé de succès, le poids des ventes à l’international ne bouge pas et représente 54% du CA total. Il pèse 18% des revenus chez les plus petits éditeurs (moins de 5 millions d’euros de revenus) mais 59% chez les plus acteurs générant plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires). Ce pourcentage pourrait toutefois grimper puisque sur les 116 entreprises qui se disent prêtes à envisager une opération de croissance externe, 16% lorgnent exclusivement vers l’international et 50% envisagent la possibilité de réaliser des acquisitions en France, mais aussi à l’étranger. Pour 39% des éditeurs, les Etats-Unis figurent parmi les trois principaux pays relais de croissance à l’avenir.
La majorité des éditeurs français sont rentables, 78 % d’entre eux ont ainsi enregistré un bénéfice d’exploitation en 2018, (contre 81 % un an plus tôt). Les éditeurs dont le chiffre d’affaires est inférieur à 5 millions sont 73 % à déclarer un profit. Ce pourcentage passe à 94 % chez les éditeurs engrangeant plus de 100 millions d’euros de revenus. « Le modèle économique des éditeurs de logiciel est rentable dès lors que les éditeurs atteignent un niveau de chiffre d’affaires qui leur permet de couvrir leurs coûts de recherche et développement et leurs coûts commerciaux et de marketing », indiquent les auteurs de l’étude.
Ces derniers se sont aussi intéressés au mode de distribution privilégié. Il apparaît que 63% des éditeurs préfèrent la distribution directe et rares sont ceux qui font de la distribution indirecte leur canal de vente privilégié. Toutefois, les éditeurs réalisant moins de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires se distinguent par leur volonté de ne privilégier aucun canal spécifique. Près d’un tiers de ceux-ci utilisent les deux canaux à la fois, contre 22 % des éditeurs réalisant plus de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Malgré un léger ralentissement, le secteur de l’édition représente un important vivier d’emplois. Entre 2016 et 2018, près de 12.700 personnes ont été embauchées par les éditeurs pure players. En 2018, les recrutements ont progressé de 7%, contre 8% un an plus tôt. « Au-delà des difficultés de recrutement qui demeurent un frein à la croissance pour 74% des éditeurs, notre étude confirme malheureusement le faible pourcentage de femmes évoluant dans le secteur, environ 30% pour le panel avec un pourcentage plus faible dans les sociétés les plus petites (moins de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires) », constate Jean-Christophe Perret.
Avec 3,08 milliards de chiffre d’affaires réalisés dans l’édition, Dassault Système reste le poids lourd du secteur, devant Criteo et Ubisoft. On notera à ce propos que le secteur du jeu vidéo qui enregistre la croissance la plus importante, soit 41% sur deux ans. On trouve ainsi à la 7ème place du classement Voodoo, qui réalise +790 % de croissance depuis 2016, atteignant un chiffre d’affaires de 325 millions d’euros en 2018. Il devance désormais Gameloft, neuvième avec 293 millions d’euros de chiffre d’affaires.