Dell France prévoit une montée en puissance très rapide de son activité services cloud. Au cours des trois prochaines années, ses revenus pourraient décupler pour atteindre 100 M€, selon son PDG Emmanuel Mouquet.

 

Quel a été le poids du Cloud dans le business Dell France en 2013 ?

Emmanuel Mouquet : Le Cloud a pesé 20% de nos livraisons d’infrastructures informatiques en 2013, soit 100 M€ sur un total de 500 M€. Ces infrastructures, qui peuvent être des serveurs, des solutions de stockage, des équipements réseaux mais également des logiciels d’administration et de sécurité, servent à construire des clouds privés ou publics. Depuis deux ans, Dell est aussi fournisseur de services cloud via Quadria dans le cadre de son programme Global Service provider. Ce métier compte désormais pour 10 M€ de chiffre d’affaires en France. Enfin, Dell accompagne ses clients et partenaires vers le Cloud en assurant des services d’audit et de consulting. Cette activité n’est pas une source significative de revenus mais occupe désormais une vingtaine de personnes de la division Dell Services. Elles n’étaient qu’une quinzaine il y a neuf mois. Notre activité Cloud (Infrastructures pour le Cloud et services clouds) croît à un rythme de 50% par an.

 

Avez-vous prévu d’étendre le partenariat que vous avez développé avec Quadria à d’autres partenaires ?

Emmanuel Mouquet : Oui. Nous nous apprêtons à annoncer une offre de backup as a service managée avec un second partenaire. Et d’autres services suivront avec d’autres partenaires. Parmi les sujets possibles : le clustering en mode service, la virtualisation de poste de travail… Ce marché des services cloud en est à ses prémisses mais il devrait exploser dans les années à suivre. Dell a choisi de s’appuyer sur ces partenaires pour ces services. C’est Dell qui porte les contrats, les engagements de services, qui fournit la technologie et qui vend ces services mais ce sont ses partenaires qui les produisent et qui apportent leur expertise en intégration. Dell est le seul à avoir adopté cette approche. Estimant qu’il ne pouvait pas tout faire tout seul, il a choisi de s’appuyer sur ses partenaires. C’est un gage d’excellence. Chacun contribuera en fonction de sa valeur ajoutée.

 

Ces infrastructures Cloud que Dell commercialise en France sont-elles achetées prioritairement par les clients finaux ou par les fournisseurs de services cloud ?

Emmanuel Mouquet : Un peu plus de 60% des ventes s’orientent vers les entreprises pour la réalisation de clouds privés. 20% à 30% des ventes sont initiées par des éditeurs de logiciels qui commercialisent leurs solutions en mode services. Enfin, le complément vient des fournisseurs de services managés et autres hébergeurs (ils sont une trentaine), qui se positionnent sur la vente de puissance numérique sur le modèle des usines numériques.

Pouvez-vous nous préciser la manière dont ces différentes activités vont évoluer ?

Emmanuel Mouquet : Nos ventes d’infrastructures devraient rester stables au cours des trois prochaines années. Mais la répartition entre infrastructures standards et marchés cloud devrait considérablement évoluer. Les 100 M€ réalisés actuellement dans le Cloud devraient passer à 200 M€ voire 300 M€ d’ici à trois ans. Et, à l’intérieur de ce périmètre, les services clouds devraient atteindre à eux seuls 100 M€, soit dix fois plus qu’aujourd’hui.

Lors de prises de parole récentes, vous avez paru pessimiste sur les chances de succès des grands offreurs de puissance numérique français que sont Numergy et Cloudwatt. Pour quelles raisons ?

Emmanuel Mouquet : Je ne me suis pas avancé sur ce terrain. Cloudwatt étant client de Dell, je souhaite au contraire qu’il réussisse. Je me suis simplement permis de dire que le modèle d’usine numérique que développent ces acteurs n’est à mon sens pas encore mûr aujourd’hui. La plupart des grands clients et comptes intermédiaires ont des problématiques de migration de leur infrastructure IT existante, et d’intégration de leur environnement applicatif avec le Cloud. Ils ne sont pas prêts à migrer leur informatique de production en mode « full  IT as a service » tout simplement parce que celle-ci ne peut pas passer telle quelle dans le Cloud.

Ce modèle d’usine numérique n’a réellement de sens aujourd’hui que pour les éditeurs de logiciels et pour un petit nombre de besoins spécifiques, tels que l’informatique de débordement ou les environnement de test et de développement. Les opportunités se situent encore aujourd’hui essentiellement dans les services de transformation du système d’information  pour les prestataires familiers des métiers de l’intégration, capables de faciliter la transition d’architectures traditionnelles vers des architectures plus agiles qui répondent aux nouvelles exigences des directions opérationnelles.

En termes de produits et de technologies, quels sont vos avantages concurrentiels  ?

Emmanuel Mouquet : Dell est l’un des seuls constructeurs à proposer une plateforme convergée pour les PME (VRTX). Lancée il y a 6 mois, cette plateforme se distingue notamment par son niveau de prix, sa simplificité d’implémentation – une heure suffit pour la mettre en service – et d’utilisation. Je citerais aussi notre technologie d’administration Cloud Entstratius qui permet de gérer des environnements hybrides, et Fluid Cache, une technologie de partage de mémoire pour les calculs haute fréquence qui sera sur le marché d’ici à 3 mois.