Impensable il y a encore quinze jours, le report d’IT Partners cette semaine a permis à l’ensemble de l’écosystème IT de prendre la mesure de la déflagration qui est en train de se produire sur le plan économique. Car au-delà des événements qui s’annulent les uns après les autres, c’est l’activité de l’ensemble de l’économie qui risque d’être durablement affectée par la crise du Coronavirus.

Dès le début de la semaine, alors que le report d’IT Partners n’était encore qu’une rumeur, les grossistes étaient déjà en alerte. « Depuis quelques jours, on commence à sentir les signes du ralentissement des usines [chinoises], avertissait lundi Pascal Murciano, PDG de Tech Data France, le principal grossiste IT en France. Cela se manifeste surtout par une perte de visibilité sur les livraisons : les délais que l’on nous annonce ne pas fiables. On nous dit que les usines redémarrent mais on a l’impression qu’elles continuent de tourner en mode dégradé. ». Pour lui, c’est tout le premier semestre qui risque d’être impacté par les conséquences du Coronavirus. « Tous les fabricants sont liés à une multitude de fournisseurs interdépendants les uns des autres. L’arrêt de quelques-uns peut bloquer la machine tout entière. »

Même son de cloche chez Ingram Micro : « les conséquences économiques du SARS CoV-2 ne sont pas encore palpables mais on s’attend à une répercussion sur la disponibilité des produits au deuxième trimestre », nous confiait Sophie Deleval, directrice générale d’Ingram Micro France, le même jour.

Tech Data comme Ingram Micro se veulent rassurants : leur stock leur permet de voir venir encore quelques semaines. Mais les tensions sont déjà palpables un peu partout : Philippe Paci, le directeur marketing d’Adista, l’un des principaux opérateurs de services hébergés français le reconnaît sans fard : « nous enregistrons des difficultés d’approvisionnement sur des équipements nécessaires à nos projets. Nous avons demandé à nos équipes d’être très vigilantes sur les délais de production annoncés à nos clients. »

Nathalie Nicaise-Laffitte, directrice marketing et communication de l’opérateur Alphalink, note pour sa part « un retard sur [les] fabrications d’équipements provenant de Chine ». Mais, là encore, rien d’alarmant : « notre stock est relativement conséquent à ce jour, nous pouvons assurer toutes les commandes pendant de nombreux mois encore ».

Mais si les conséquences économiques sont encore minimes, chacun se rend bien compte de l’impact potentiellement dévastateur du Coronavirus sur l’économie. Philippe Paci, note par exemple que le virus a déjà des répercussions sur le tourisme. « Il y aura inévitablement propagation de cet impact sur d’autres secteurs économiques. Comment l’économie pourra résister à un désengagement des consommateurs confinés chez ou désireux d’éviter tout lieu accueillant du public ? Aucune entreprise ne vit dans une bulle et si l’économie était fortement impactée par le Coronavirus, nos clients reporteront probablement des investissements ou des projets, par manque de visibilité sur leur propre activité. »

Chez Ingram Micro, on se prépare d’ores et déjà à une éventuelle aggravation de la situation. Le grossiste travaille depuis le début de la semaine sur un plan de continuité susceptible d’absorber les conséquences d’un confinement généralisé l’activité. Pour maintenir l’activité, le distributeur mise sur le télétravail. Ainsi, toutes les fonctions clés de l’entreprise qui n’en disposent pas encore, vont être équipées de laptops.

À l’image d’Ingram Micro, beaucoup d’entreprises sont en train d’accélérer leur plan de télétravail dans le cadre de leur plan de continuité, note Florence Ropion, vice-présidente et directrice générale du channel de Dell Technologies France. L’épidémie est donc a priori une opportunité pour les fournisseurs de postes de travail mais aussi pour les éditeurs de solutions de collaboration et d’outils de communications unifiées. Quoi que… Laurent Silvestri, président de l’opérateur de communications unifiées OpenIP s’en rend bien compte : « pour nos partenaires, dont le métier est d’être en intervention chez les clients, l’épidémie risque d’être très contraignante ».