Gartner, qui envisageait pour cette année un recul mondial des dépenses informatiques, penche à présent pour une stabilisation et donc sur un chiffre d’affaires global de 3,41 billions de dollars. C’est une embellie comparé à 2015 lorsque les revenus cumulés avaient baissé de 5,5%. Cela dit, la plus grande méfiance s’impose. Pour établir leurs prévisions, les analystes du cabinet sont partis du principe que le Royaume-Uni ne quittera pas  l’Union européenne. Dans le cas contraire, « il y aura une perte de confiance dans les affaires et les hausses de prix vont impacter le Royaume-Uni, l’Europe de l’Ouest et même le monde entier », estime John-David Lovelock, directeur de recherche au cabinet.

Le vote négatif a déjà engagé ce processus. Gartner voit notamment dans le Brexit un risque important pour le secteur technologique outre-Manche. Surtout si la libre circulation des travailleurs est entravée, ce qui est le souhait des « leave ». Le cabinet estime qu’une incertitude sur le long terme aura de toute façon un impact négatif. « Une incertitude sur le statut des travailleurs rendra le Royaume-Uni moins attractif pour les nouveaux travailleurs étrangers. Conserver les équipes actuelles de non-Britanniques sans avoir accès à de nouveaux recrutements d’employés qualifiés issus de l’extérieur ne pourra que nuire aux départements IT du pays. »

En dehors de cet épineux problème, 2016 marque le début d’une étrange dichotomie estime Gartner. Malgré une volonté de changement, la croissance des dépenses IT est molle. « Les entreprises prennent pied dans le digital, l’internet des objets et le business des algorithmes, mais pour financer ces nouvelles initiatives nombre d’entre elles se tournent vers des alternatives « digitales ». Ainsi, le SaaS remplace les licences logicielles, la VoLTE (voice over LTE) succède aux technologies cellulaires, et les assistants personnels digitaux prennent la place des individus afin d’économiser de l’argent et de réduire le temps de création de valeur. C’est précisément l’étendue de ces alternatives à l’IT traditionnelle qui va fondamentalement redéfinir ce qui est acheté, qui achète et ce qui sera dépensé », croit savoir John-David Lovelock.

Les dépenses affectées aux datacenters devraient croître de 2% par rapport à 2015, grâce à une forte croissance des ventes de serveurs en Chine et en Europe de l’Ouest, et à un solide cycle de rafraîchissement des équipements réseaux en Amérique du Nord.

Les dépenses en matière de logiciels devraient également progresser, de 5,8% cette fois. L’Amérique du Nord serait à l’origine de près de la moitié (11,6 milliards de dollars) de la croissance de 24 milliards de dollars annoncée. Une croissance surtout alimentée par le CRM.

En revanche, la situation économique dégradée de pays comme la Russie, le Japon ou le Brésil devrait encore peser sur les ventes de terminaux (-5,3%), notamment en freinant la reprise du marché du PC consécutive à l’effet Windows 10.

Une reprise du marché des services est attendue grâce aux entreprises japonaises, lesquelles selon Gartner ont enfin compris qu’elles avaient besoin de conseils pour entamer leur révolution digitale.

Enfin, les dépenses télécoms devraient baisser de 1,4% malgré leur croissance attendue au Japon et en Chine. En Europe de l’Ouest et Orientale, ainsi qu’en Amérique du Nord, la guerre des prix devrait orienter les revenus du marché à la baisse.

Mais encore une fois, le vote des Britanniques pourrait remettre tout ceci en cause.

Table 1. Worldwide IT Spending Forecast (Millions of U.S. Dollars)

2015 Spending

2015 Growth

2016 Spending

2016 Growth

Data Center Systems

171,213

2.9%

174,578

2.0%

Software

313,948

1.1%

332,207

5.8%

Devices

662,295

-4.6%

627,235

-5.3%

IT Services

865,818

-3.4%

897,634

3.7%

Communications Services

1,400,049

-9.2%

1,380,782

-1.4%

Overall IT

3,413,324

-5.5%

3,412,436

0.0%

Source: Gartner (July 2016)