Orange a publié jeudi les résultats de son exercice 2022 et présenté dans la foulée son nouveau plan stratégique « Lead the future ». Sur le premier volet l’opérateur a rendu une copie conforme aux attentes et à ses prévisions. Son chiffre d’affaires s’établit à 43,5 milliards d’euros, en hausse de 0,6%. Le résultat net a plus que triplé à 2,6 milliards d’euros contre 778 millions en 2021. Avec en prime l’annonce d’un double relèvement du dividende en 2023 et 2024, les résultats ont été bien accueillis par les marchés avec une hausse de plus de 6% de l’action à la bourse de Paris.

Le plan stratégique présenté par Christel Heydemann marque un retour clair aux fondamentaux. Après une période de diversification dans des activités comme la banque, la maison connectée ou les médias, le géant des télécoms veut se concentrer sur son cœur de métier, à savoir celui d’opérateur qui fournit de la connectivité. « L’ambition de notre plan est de valoriser et développer nos forces pour positionner Orange comme le groupe qui bâtit l’avenir des Télécoms et des solutions digitales », a déclaré la nouvelle patronne du groupe, qui fixe comme autre objectif « de croître durablement en particulier dans nos activités de cybersécurité et en Afrique et au Moyen-Orient ».

Orange veut évidemment tirer profit de sa « position de leader » dans la fibre optique en France et en Europe, avec 46 millions de prises déployées et 5 millions supplémentaires sur la durée du plan. Mais dans un contexte de croissance molle et de pression sur les marges, l’objectif est d’offrir plus en termes de qualité, de services et d’expérience client pour justifier une augmentation tarifaire sur l’ensemble de l’offre et des pays. Une orientation d’autant plus nécessaire qu’avec l’extinction programmée du cuivre et de l’ADSL, Orange anticipe une baisse de ses recettes de 1 milliard d’euros entre 2022 et 2025.

Parallèlement, Orange veut donc continuer à mener « une discipline sur les coûts » avec un nouvel objectif de 600 millions de réductions de coûts d’ici 2025 tout en réduisant le niveau d’investissement. De 18% des revenus du groupe en 2022, les investissements passeront à 15% en 2023 et sur toute la durée du plan stratégique.

Un autre axe prioritaire est la transformation d’Orange Business Service, dont le modèle traditionnel d’opérateur Telco B2B est remis en cause par les nouveaux usages du numérique. OBS, qui s’appellera désormais Orange Business pour « incarner la volonté de simplification » sera positionné sur les « solutions de connectivité de nouvelle génération ». Recentrage du portefeuille d’offre et programme d’envergure d’optimisation de coûts sont prévus pour viser un retour à la croissance et à la rentabilité « au plus tard en 2025 ».

Orange réaffirme aussi ses ambitions sur le secteur de la cybersécurité et vise un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros d’ici 2025, notamment par une stratégie d’acquisitions ciblées d’Orange Cyberdefense.

A l’international la société vise notamment une croissance de 7% par an entre 2022 et 2025 dans la zone Afrique et Moyen-Orient et anticipe également une « forte croissance » de sa rentabilité dans cette région. En 2022, l’Afrique a véritablement tiré la croissance du groupe avec une progression de 6,4% à 7 milliards d’euros, à comparer à une croissance de 1,1% en France pour 18 milliards d’euros et à la croissance de 0,6% d’Orange.

Dans un communiqué, la CFE-CGC Orange fustige cette faible croissance du groupe qui « signe sa plus mauvaise performance de son histoire en euros constants ». Pour l’organisation syndicale « le pilotage par la réduction des couts est un échec et obère toute perspective de croissance ». Elle déplore aussi la hausse du dividende qui masque l’absence d’un projet industriel, et la baisse des investissements au moment où Orange « se doit d’investir dans les métiers et secteurs porteurs d’avenir ».

Selon la CFE-CGC Orange, « Le nouveau plan stratégique n’apporte aucune réponse aux enjeux essentiels : Comment faire d’Orange un acteur incontournable du numérique en France, en Europe et en Afrique ? Comment faire d’Orange Business (Services) une ESN leader ? »