Les actionnaires salariés de France Telecom demandent aux autres actionnaires de s’opposer au versement du dividende prévu par le conseil d’administration, qui nuirait selon eux au développement de l’entreprise.

 

Le 5 juin prochain se déroulera l’assemblée générale de France Telecom, laquelle devra valider ou non le versement d’un dividende de 1,40 euro par action, soit près de 4,4 milliards d’euros au titre de l’exercice 2011. Une proposition du conseil d’administration que la CFE-CGC/UNSA et l’ADEAS contestent. Le syndicat et l’association des salariés-actionnaires de l’opérateur ont fait leurs comptes, selon eux le montant versé aux actionnaires dépassera de 500 millions d’euros, le bénéfice de la société, obligeant celle-ci à puiser dans ses réserves et à maintenir un recours à l’emprunt, notamment pour verser les acomptes sur dividende.

Selon un communiqué signé des deux organisations, cela fait plusieurs années que l’opérateur procèderait ainsi. ”Masquée par une présentation artificielle des chiffres, le dividende étant exprimé en % du cash flow opérationnel dans les documents financiers, la réalité des dividendes versés par France Télécom est extravagante : 4,3 milliards d’euros au titre de l’exercice 2010, pour un résultat net de 3,8 milliards d’euros sur les activités poursuivies, et près de 4,4 milliards d’euros au titre de l’exercice 2011, pour un résultat net de 3,9 milliards d’euros, si l’on s’en tient au dividende de 1,40 proposé par le conseil d’administration. Pour l’exercice 2009, les seuls dividendes versés aux propriétaires de la maison mère (3,65 milliards d’euros) dépassaient le montant des bénéfices nets (3,47 milliards d’euros.”


Une situation intenable estiments-ils, surtout pour un opérateur de télécommunications confronté à un environnement concurrentiel qui doit investir dans les réseaux, fibre et 4G mobile pour répondre à la demande croissante de débit et au développement des usages.

 

Un dividence à 1 euro

Ils présenteront donc une proposition alternative invitant les actionnaires, notamment l’État,à voter pour un dividende à 1 euro, permettant selon eux de préserver 1 milliard d’euros de fonds propres et de sauver des emplois.

”L’État a beaucoup à gagner d’un investissement conséquent dans les réseaux de dernière génération sur le territoire français, dont le déploiement contribuera à la relance que le nouveau gouvernement entend mettre en place. Par le biais des multiplicateurs keynésiens, l’investissement fera rentrer sensiblement plus de recettes fiscales et sociales dans les caisses de l’État que la perte de 40 centimes d’euros sur le dividende, en ayant une incidence positive sur l’emploi. Un tel vote constituerait en outre un signal fort d’un véritable changement de politique économique”, expliquents-ils. Ils en appellent aussi à la ”loyauté » de la Société Générale, second actionnaire de France Telecom, qui a renforcé ses fonds propres de 500 millions d’euros en ne versant aucun dividende au titre de l’exercice 2011. Ils rappelent par ailleurs qu’Apple, Microsoft et Google ont agit de même pendant de nombreuses années ”pour concentrer leurs moyens sur la croissance et l’innovation”.


C’est à notre connaissance la première fois que les actionnaires d’une entreprises cotée au CAC40 auront la possibilité de voter pour une résolution présentée par les représentants des salariés actionnaires de l’entreprise sur le montant du dividende.

Des représentants qui comptent bien faire entendre leur voix avant l’assemblée générale en invitant les salariés à manifester devant le Palais des Congrès où est prévue la réunion.