Avec l’acquisition de l’Italien Innovery, annoncée le mois dernier, le groupe Neverhack change encore de dimension. Nous avons demandé à son PDG de commenter pour nous les dernières étapes de son parcours et notamment l’acquisition récente du Français Expert Line.

Channelnews : Neverhack vient d’annoncer sa cinquième opération de croissance externe en trois ans (la troisième depuis le début de l’année) avec l’acquisition d’Innovery, une société de services de cybersécurité et d’IT italienne, employant plus de 450 collaborateurs en Europe du Sud et en Amérique. Comment évolue est la physionomie du groupe avec cette nouvelle acquisition et quelle incidence a cette opération sur les activités en France ?

Arthur Bataille : La taille du groupe augmente encore de plus de 50% avec désormais plus de 1.200 collaborateurs (dont 1050 productifs) répartis dans 10 pays qui devraient réaliser plus de 200 M€ de chiffre d’affaires cumulé sur l’exercice 2024. Cette acquisition permet au groupe de renforcer sa position en tant qu’acteur majeur de la cyber en Europe et de continuer son expansion en Amérique avec le renforcement de ses opérations au Canada, au Mexique et

aux États-Unis. Le groupe tire désormais environ 30% de ses revenus de ses activités autour du SOC, 20% autour de la gouvernance et de la conformité, et 15% de la gestion des identités et des privilèges. Le reste est orienté sécurité IT (dont une part conséquente de DevSecOps), réseaux et infrastructures système. Cette acquisition n’a pas d’impact sur le périmètre et l’activité en France, où le groupe compte plus de 500 personnes productives.

Channelnews : Où en êtes-vous de l’intégration de la société française Expert Line, dont l’acquisition a été annoncée en janvier, et qu’est-ce que cette opération a apporté au groupe ?

Arthur Bataille : Expert Line est devenu rapidement Neverhack. La fusion a été faite en quelques semaines et les équipes (45 personnes) ont été incorporées dans les différents départements du groupe courant avril-mai. Expert Line avait une empreinte forte sur la vente et l’intégration de solutions de cybersécurité et sur le SOC. Son acquisition a permis au groupe de compléter son expertise dans le négoce et la relation éditeur d’une part et dans le SOC et les services managés de sécurité d’autre part.

Channelnews : C’est-à-dire ?

Arthur Bataille : Nos ventes de licences étaient très sporadiques avant le rachat. Aujourd’hui, elles pèsent 38% du chiffre d’affaires. Un chiffre qu’on souhaite encore développer. On travaille désormais avec plus d’une cinquantaine de partenaires, dont les principaux sont SentinelOne, Netskope, Wallix et Okta. Avant Expert Line, nous n’avions pas non plus de SOC. Depuis, cela a bien évolué puisque, grâce aux nombreuses ressources héritées d’Innovery et de Cybers [entreprise Estonienne d’une cinquantaine de collaborateurs rachetée en avril, ndlr], nous opérons désormais un SOC global 24/7 réunissant plus de 250 personnes.

J’ajouterais qu’Expert Line nous a apporté sa culture d’excellence sur la partie commerciale et un vivier pour compléter nos profils clés, à commencer par son ex-patron Mickaël Berdugo, qui a pris la direction commerciale France de l’ensemble de nos offres structurées, ou Ludovic Baron qui a pris toute l’offre technique défense (dont le SOC) et l’intégration de solutions de sécurité, réseau et systèmes.

Channelnews : Comment s’est traduit cet apport d’Expert Line sur l’offre du groupe ?

Arthur Bataille : Sur les treize offres structurées sur étagère que propose le groupe, six viennent d’Expert Line. Ces offres, que nous nous employons à développer sur l’ensemble des entités, se déploient sur quatre axes : évaluation du niveau de maturité cyber des organisations, évaluation des compétences de spécialistes cyber, formation et entraînement et mesure de l’exposition aux vulnérabilités sur Internet.

C’est également en étroite synergie avec Expert Line et grâce à sa compréhension du marché que nous avons développé la marketplace qui va permettre aux clients de passer leurs commandes de licences mais également de nos services et solutions sur étagère. Cette marketplace devrait être mise en service ces jours-ci.

Channelnews : Comptez-vous poursuivre la croissance externe au même rythme ? Pour rappel, Pr0ph3cy, l’ancien nom de Neverhack, ne réalisait que 27 M€ et comptait moins de 300 collaborateurs lorsqu’il s’est lancé en 2021 dans la stratégie de build-up qui l’a conduit à racheter successivement OpenCyber (2021), Harmonie Technologie (2022), puis Expert Line, Cybers et Innovery cette année.

Arthur Bataille : On va faire une pause de six mois, le temps de consolider, de structurer. Puis on va relancer des opérations de croissance externe sur des entreprises plus petites qui nous ressemblent.

Channelnews : Comment se répartit le capital ?

Arthur Bataille : Le groupe est détenu majoritairement par le fonds Carlyle, qui a apporté les moyens financiers de cette stratégie d’acquisition, avec le fonds de dette Eurazeo. En tout ils ont apporté plus de 200 M€. Le groupe est dirigé par un « board » d’une vingtaine de managers actionnaires dont je suis le principal avec 30% des parts. Je voudrais souligner au passage la forte implication des managers qui ont réinvesti pour certains pas loin de 50% des fonds qu’ils ont touché de la vente de leurs parts.