Les DSI ont pris conscience de la nécessité de moderniser leur parc applicatif, à la fois pour réduire les coûts et pour pouvoir bénéficier des nouvelles technologies et mieux accompagner ainsi la transformation numérique de leur entreprise.

Tel est le constat de la deuxième étude réalisée par Capgemini intitulée « Application Landscape Report », qui vise à analyser l’évolution du patrimoine applicatif à partir d’une enquête auprès de 1100 grandes entreprises mondiales (trois-quarts situés dans les pays développés et  le quart restant dans des pays émergeants – Chine, Brésil et  Inde. Les DSI sont en effet de plus en plus conscients de la vétusté et de la redondance de leur parc applicatif (53% d’entre eux estiment qu’un cinquième de leurs applications devrait être retiré ou remplacé). Et trois DSI sur quatre sont convaincus que la modernisation des applications est très importante ou importante.

« Il y a donc une évolution assez rapide depuis notre première enquête », commente Philippe Roques, Responsable Europe de l’offre Application Portfolio Management. Comme tout être vivant ou toute chose, les applications informatiques sont sujets à l’obsolescence, une évolution accélérée par les progrès rapides des technologies. « La durée de vie d’une application est comparable à celle d’un chien : une quinzaine d’années », poursuit Philippe Roques. « Dès sa mise en œuvre, elle est modifiée, déformée,  de telle sorte que, passé cette période, il vaut mieux la « tuer » et la remplacer ». L’enquête mentionne un programme de rationalisation mis en place par une organisation britannique qui aurait permis d’économiser 200 M€ par an grâce à la fermeture de 65 applications décommissionnant près de 2000 serveurs.

Cette deuxième enquête permet de mesurer l’évolution mais à également introduit les expériences d’entreprise dans les pays émergents permettant ainsi d’intéressantes comparaisons. Globalement, les entreprises de ces pays ont un patrimoine applicatif par nature récent et adapté… donc à même de mettre en œuvre la transformation numérique et ainsi prendre un avantage comparatif par rapport à celles des pays développés.

En trois ans seulement, la préoccupation des DSI révélée par la première enquête mettait l’accent sur la réduction des coûts. Aujourd’hui, une deuxième préoccupation s’est invitée et concerne la capacité à pouvoir mettre en place les nouvelles technologies et à bénéficier des avantages qu’elles apportent. La double pression exercée par la DG et les directions métiers sur les DSI est forte. Les directions métiers sont en train d’effectuer leur révolution numérique, pour aller vers plus de mobilité, de services en mode cloud, de big data, ou de réseaux sociaux : or, un patrimoine applicatif sain est nécessaire pour accueillir tous ces nouveaux outils ce qui contraint les DSI à mettre en œuvre des projets de rationalisation.

Le SI historique, le legacy comme on l’appelle en bon français, est de plus en plus perçu comme une contrainte. De telle sorte que là où ils avançaient à petit pas, les DSI sont prêts pour des solutions plus radicales. « Dans ce contexte, ils doivent cogérer le changement avec les directions métier et faire de la pédagogie », considère Philippe Roques. Sachant qu’il est logique de s’intéresser d’abord aux applications stratégiques. Sur ce point, l’enquête est plutôt rassurante car la compréhension des applications par les métiers est considéré comme bonne ou excellente par 85 % des DSI. En revanche, un DSI pensent que seulement 20 à 50 % des applications sont jugées stratégiques. Un programme de rationalisation doit-être mis en place de manière continue ? Sans doute, mais ce n’est le cas que dans 40 % des entreprises.

Face à la modernisation du parc applicatif, deux types d’approches sont possibles : repenser l’organisation et mettre en place une gouvernance plus moderne et plus efficace, c’est le comment ; moderniser le SI, c’est le quoi avec en vue la suppression et le remplacement des applications. La première permet une réduction des coûts importante et assez rapide, la seconde est plus technique et comporte des risques. « Débrancher une application est une opération compliquée », affirme Philippe Roques. Les deux pouvant être menées de front mêmes si elles ne requièrent pas les mêmes compétences, la première se situant plus sur le front de l’organisation, la seconde sur celui de la technique.

« Grâce à l’expérience acquise et aux outils dont nous disposons, la modernisation des applications est devenue une activité prédictible, en coût et en temps », poursuit Philippe Roques. Bien sûr cela dépend du SI que l’on doit moderniser.  Nous classons les SI selon trois niveaux de maturité en nous appuyant sur trois principaux critères : la gouvernance du SI (de décentralisé à centralisé en passant par une configuration intermédiaire avec une DSI groupe et une des DSI décentralisée), la mutualisation des systèmes et les outils utilisés. Un simple échange de deux heures avec le DSI permet de déterminer le niveau de maturité du SI, situation à partir de laquelle on définit la bonne stratégie.

Moderniser un parc applicatif est-il une bonne idée dans la mesure où c’est un risque à prendre pour un bénéfice incertain qui interviendra plus tard et qui bénéficiera peut-être au prochain DSI ? Il y a quelques années, de telles considérations politiques pouvaient exister, conclut Philippe Roques, mais beaucoup moins aujourd’hui. On peut classer les DSI en deux grandes familles, les gestionnaires et les transformateurs. Aujourd’hui, le casting des DSI est adapté aux besoins, avec des DSI correspondant aux besoins.

Les recommandations de Capgemini
– Utiliser systématiquement des faits et des métriques pour améliorer la compréhension entre les métiers et l’IT ;
– Industrialiser et standardiser ;
– Considérer des scénarios de rationalisation plus radicaux ;
– S’appuyer sur des solutions de prochaine génération ;
– Intégrer l’innovation dans le cycle de vie des applications.


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