Coup dur pour Vade. Un jury californien vient d’accorder 13,5 millions de dollars de dommages et intérêts à Proofpoint dans le cadre d’un procès pour vol de propriété intellectuelle contre Vade (anciennement Vade Secure). Le leader mondial de la protection des e-mails accusait depuis 2019 son concurrent d’avoir illégalement copié une vingtaine de secrets commerciaux et son code source dans le cadre de plusieurs de ses produits dont Vade pour Microsoft 365, Email Content Filter, Vade Cloud et Vade MTA Builder.
À l’issue d’un procès de trois semaines, le jury a estimé que Vade avait détourné de manière « volontaire et malveillante » une quinzaine de secrets commerciaux et enfreint les droits d’auteur appartenant à Cloudmark, filiale de Proofpoint depuis son rachat en 2017 pour 110 millions de dollars. Selon le verdict consulté par CRN, le jury a accordé 13,5 millions de dollars à Proofpoint en compensation d’un enrichissement sans cause. Mais il a cependant estimé que Vade Secure ne lui avait pas occasionné de perte réelle.
Proofpoint recevra également 480 000 $ pour la rupture de contrat imputée à Olivier Lemarié l’ancien vice-président des technologies de passerelle chez Cloudmark. C’est ce dernier qui avait emporté les secrets commerciaux de Proofpoint lorsqu’il avait rejoint Vade en 2017. Le jury n’a cependant pas conclu que l’utilisation abusive des secrets commerciaux par Lemarie était intentionnelle et malveillante.
Malgré ce verdict et les dommages et intérêts déjà accordés, l’affaire n’est pas pour autant terminée puisque le tribunal doit décider fin octobre s’il y a lieu de condamner Vade Secure à des dommages-intérêts punitifs pour le détournement des secrets commerciaux.
Vade ne s’est pas exprimé sur cette affaire hormis via cette déclaration envoyée à The Register : « Bien que nous espérions obtenir gain de cause sur toutes les réclamations, nous sommes heureux que le jury ait constaté que les réclamations de Proofpoint/Cloudmark étaient excessives, comme en témoigne leur décision sur les dommages-intérêts. En tant qu’entreprise dont les valeurs fondamentales sont l’intégrité et l’innovation, nous ne pensons pas que ce résultat reflète fidèlement qui nous sommes. Nous évaluerons nos prochaines étapes dans les prochains jours à la lumière de ce verdict. »
Cette affaire laissera des traces profondes chez Vade. C’est en partie à cause d’elle que l’éditeur avait dû renoncer l’année dernière à la levée de fonds de 70 M€ qu’il avait annoncée avec le fonds américain General Catalyst en juin 2019. Et l’éditeur avait expliqué il y a un an à nos confrères des Echos que l’affaire lui avait déjà coûté 6 millions d’euros en frais d’avocat, soit un tiers de son chiffre d’affaires de l’époque.