À l’instar du cabinet d’étude Context qui anticipe une véritable onde de choc pour l’industrie IT, certains acteurs du channel en France s’inquiètent déjà des possibles conséquences que l’invasion de l’Ukraine pourrait avoir sur leur activité. Nous avons demandé à Théodore-Michel Vrangos, fondateur et CEO de la société de services spécialisée en cybersécurité I-Tracing Group, ce qu’il en pensait.

Channelnews : Vous attendez-vous à des conséquences sur votre activité ? Lesquelles ?

Théodore-Michel Vrangos : Tout d’abord chez I-Tracing nous sommes solidaires et peinés par l’invasion de l’Ukraine et les drames touchant la population ukrainienne. De manière générale, l’économie française est touchée, à l’instar de tous les pays d’Europe, par l’explosion des prix de l’énergie, causant un impact négatif sur l’appareil de production des industriels notamment.

Au-delà de ces répercussions nous ne voyons pas d’impact négatif sur la cybersécurité en général et les services de cybersécurité (ingénierie, conseil, services managés…) en particulier. Nous continuons de fortement souffrir d’un manque de ressources ingénieur.

Je pense que la cybersécurité sortira renforcée de cette guerre immorale, doublée par toute une série de cyberattaques. Le digital sécurisé, dans toutes ses déclinaisons (e-commerce, IT inter-entreprises, production, communication, etc.), est devenu la principale dimension de continuité et de résilience des entreprises.

Channelnews : I-Tracing intervient auprès de nombreuses entreprises de taille intermédiaire ainsi qu’auprès de 33 grands groupes français du CAC40, beaucoup avec des activités en Russie. Avez-vous déjà noté des signaux faibles annonçant une contraction de l’activité ? Si oui lesquels ?

Théodore-Michel Vrangos : Absolument pas ! Au contraire, la demande de nos clients est très robuste. Mais attention, elle est saine, dans le sens où son dynamisme n’est pas lié à la guerre en l’Ukraine, mais tout simplement au développement des activités digitales des entreprises et des utilisateurs en général. Nous restons prudents et très attentifs aux évolutions de la guerre sur nos clients. Et cette attention est sur les deux plans : prudence quant aux impacts économiques et prudence et vigilance quant aux possibles attaques cyber sur nos clients.

Nous nous attendons à un impact au niveau des constructeurs et des éditeurs de solutions. Certains éditeurs notamment américains, très présents en EMEA sous-traitent, codéveloppent en Ukraine. Cela pose malheureusement un problème. D’autre part, des éditeurs russes tel que Kaspersky ou d’autres deviennent interdits par beaucoup de clients. I-Tracing n’avait pas de lien commercial avec Kaspersky mais cela impactera le marché.

Channelnews : Quelles mesures êtes-vous susceptible de prendre à court terme en prévision des éventuelles conséquences du conflit sur votre activité ?

Théodore-Michel Vrangos : Nous avons pris immédiatement de mesures de vérification de l’existence ou pas dans les solutions (code, modules, etc.) que nous intégrons en provenance de Russie. De même, nous sommes vigilants à ne travailler d’aucune manière avec des sociétés originaires de Russie ou codétenues majoritairement ou partiellement par des intérêts de Russie.

 

Propos recueillis par mail le 9 mars 2022