Après plusieurs années consacrées à maximiser sa rentabilité, l’ex-Lefebvre Software, a décidé de remettre l’accent sur l’innovation et la croissance. De gros efforts ont d’abord été faits en matière de R&D. L’offre, qui s’articulait historiquement autour de quatre briques – paye, comptabilité, gestion des ressources humaines (ou HCM pour Human Capital Management) et gestion de la performance globale (ou CPM pour Corporate Performance Management) – a été remodelée pour aboutir à deux suites intégrées, l’une orientée gestion financière (Talentia Financial Suite), et l’autre orientée gestion des ressources humaines (Suite RH).

La première, qui réunit ses briques comptabilité et CPM (issue du rachat du Suisse Addedo en janvier 2018) en Full web HTML5, a été dévoilée en avril dernier. Elle s’adresse aux directions administratives et financières des entreprises de taille intermédiaire (à partir de 150 M€ de CA) et aspire à répondre à leurs enjeux de pilotage de la performance et de maîtrise des coûts.

La seconde est en pleine réécriture et devrait être dévoilée dans le courant du deuxième semestre 2020. Elle regroupe ses briques paye et HCM, ainsi que sa plateforme Core HR, qui a été mise sur le marché mi-2018. Fruit de trois années de développement, cette dernière centralise l’ensemble des référentiels RH (paie, gestion des talents, gestion des temps et des activités…) des clients. C’est sur la base de ce framework que Talencia est en mesure d’intégrer nativement ses solutions HCM et paie.

Collant à la tendance marché, Talentia s’est aussi attaqué à l’intégration au sein de ses deux suites de fonctions d’intelligence artificielle et de robots d’automatisation. L’idée est d’automatiser au maximum les processus manuels, répétitifs et fastidieux afin de permettre aux fonctions RH et finance de se concentrer sur l’assimilation des nouveautés réglementaires et sur l’analytique, explique Pierre Polette, le directeur général du groupe.

Deuxième volet du plan de redynamisation de Talentia : les ventes et le marketing. Une nouvelle équipe de management a été mise en place progressivement depuis 18 mois autour de Pierre Polette. Ancien directeur général de Lexsi, ce dernier a été nommé en septembre 2018 en remplacement de Viviane Ribeiro, nommée présidente du conseil de surveillance. Claude Lesterlin, ancien de Cegedim, a pris la direction administrative et financière, Béatrice Piquer, ex-Docapost, la direction marketing et Xavier Daguzan, ex-Oracle, la direction des opérations. Seul historique de l’équipe : Philippe Périer, le directeur technique.

Sous l’impulsion de cette équipe, Talentia a formalisé un plan de croissance à trois ans dont les deux ressorts principaux sont l’accélération des ventes à l’international et la montée en puissance du SaaS. L’éditeur, qui a réalisé près de 64 M€ de chiffre d’affaires en 2018, vise 80 M€ en 2022, soit une croissance moyenne organique de 21% par an jusque-là. Dans le même temps, Talentia espère porter la part de ses ventes SaaS de 15% de ses revenus en 2018 (5% en 2017) à 30% en 2022.

Déjà implanté dans 7 pays étrangers (Italie, Espagne, Portugal, Canada, Suisse, Royaume-Uni et Grèce), l’éditeur compte accentuer ses efforts sur Italie et l’Espagne, où il est déjà très présent (et où la complexité financière est proche de celle de la France), ainsi qu’en Suisse/Allemagne et en Amérique du Nord, où il a ouvert un bureau (à Boston) il y a un an sous les couleurs d’Addedo. Talentia est à la recherche d’acquisitions ciblées dans ces pays afin de parvenir à son objectif de porter ses ventes internationales aux deux tiers de ses revenus d’ici à trois ans contre un tiers aujourd’hui.

Une croissance en France et à l’international qui passera aussi par la montée en puissance des ventes indirectes. Historiquement, Talentia est distributeur et intégrateur de ses propres solutions. Une activité qui occupe 150 de ses 430 collaborateurs et qui rapporte près du tiers de ses revenus. S’il compte déjà quelques partenaires en France (comme Altea, le groupe d’expertise comptable Baker Tilly Strego, KPMG, PWC, SQI IT Solutions…), ce nombre devrait augmenter à l’avenir et l’équipe en charge actuellement de l’intégration devrait progressivement évoluer vers le support aux partenaires.