Le CEO de Snowflake, Bob Muglia (entouré sur la la photo des fondateurs de la société) s’en va. L’annonce, que rien ne laissait prévoir, est tombée brusquement. C’est la deuxième fois en moins de 10 ans que ce quasi autodidacte (il a commencé à travailler à 15 ans avant d’obtenir un diplôme universitaire de premier cycle) est poussé précipitamment vers la sortie. La première fois c’était en 2011 lorsque, après 23 ans de bons et loyaux services, le dirigeant de l‘entité Servers & Tools Business (STB) de Microsoft était remercié par Steve Ballmer, le CEO d’alors. Pour expliquer sa décision, celui qui allait à son tour devoir céder sa place au successeur de Bob Muglia, Satya Nadella, s’était fendu d’une lettre au personnel. « Bob Muglia et moi avons parlé de l’ensemble des activités et des éléments nécessaires pour accélérer notre croissance. Dans ce contexte, j’ai décidé qu’il était temps de mettre en place un nouveau leadership pour STB. Il s’agit simplement de reconnaître que toutes les entreprises traversent des cycles et ont besoin de talents nouveaux et différents pour gérer ces cycles », pouvait-on lire.
En annonçant le départ de Bob Muglia et l’arrivée à la tête de Snowflake du Néerlandais Frank Slootman, le président du conseil d’administration, Mike Speiser, utilise des termes qui vont dans le même sens. « Snowflake est l’une des plus importantes nouvelles entreprises de la Silicon Valley et à ce stade nous pensons que Frank est le bon dirigeant pour réaliser pleinement ce potentiel. Le meilleur moment pour réaliser un changement est lorsque les choses vont bien. Nous sommes ravis d’avoir Frank à la barre de Snowflake. Nous souhaitons également reconnaître le rôle incroyable que Bob Muglia a joué au cours des cinq dernières années pour nous amener à ce point. » Conscient sans doute de la tiédeur de ces remerciements convenus envers quelqu’un qui doit assurer la transition avec son successeur, le board a ensuit publié un nouveau communiqué. « Le conseil d’administration de Snowflake souhaite remercier Bob Muglia pour ses efforts inlassables et son dévouement à la construction de l’entreprise Snowflake au cours des cinq dernières années. Bob est un leader de haute intégrité et nous laisse une excellente réputation. Nous sommes impatients de travailler avec Bob pendant cette transition et lui souhaitons la meilleure des chances dans ses projets futurs ».
Si Bob Muglia est poussé vers la sortie c’est sans doute à cause de son opposition à une entrée en bourse trop rapide de la société, un avis qui, si l’on en croit certains confrères américains, tranche avec la volonté des investisseurs « Nous avons assez de cash et n’avons pas besoin d’aller sur le marché », avait déclaré le dirigeant à The Information le mois dernier, laissant entendre que l’on pouvait encore attendre un an ou deux. D’autant plus qu’en octobre dernier, Snowflake avait réalisé une nouvelle levée de fonds de 450 millions de dollars, portant le financement total de l’entreprise de San Mateo à 923 millions de dollars et sa valorisation à environ 3,5 milliards de dollars.
En choisissant Frank Slootman, le spécialiste du data warehouse a porté à sa tête un spécialiste qui a à son actif deux IPO. Entre 2011 et 2017, il fut président et CEO de ServiceNow, faisant passer le chiffre d’affaires de l’éditeur de solutions SaaS de moins de 100 millions de dollars à 1,4 milliard de dollars grâce notamment à une introduction en bourse réussie. Auparavant, il occupa de 2003 à 2009 le siège de président du conseil d’administration et CEO de Data Domain qu’il fit entrer avec succès en bourse en 2007, avant de négocier la vente pour 2,4 milliards de dollars du spécialiste de la déduplication à EMC.