Cela grogne chez les fournisseurs de services Microsoft américains. Selon eux la firme de Redmond essaye tout simplement de les court-circuiter.

Il y a 18 mois rapporte CRN, à la demande de l’éditeur un MSP californien a transmis à Microsoft un lot d’adresses de clients parmi lesquels il a volontairement ou non (nos confrères ne le disent pas) glissé sa propre adresse mail. Quelle ne fut pas surprise en recevant il y a quelques jours un mail d’un commercial de Microsoft lui offrant « une formation gratuite ». « C’est exactement ce que je ferais si j’essayais de voler le business de quelqu’un d’autre », a déclaré le MSP à nos confrères sous ouvert d’anonymat (il craint des mesures de rétorsion pour avoir divulgué la chose).

De son côté, une experte indépendante Microsoft a publié sur le blog de sa société des captures d’écran d’e-mails provenant de trois autres commerciaux Microsoft, envoyés directement aux clients de différents MSP. « Je ne suis pas du genre alarmiste mais cette intrusion dans la relation avec mon client m’a vraiment pris de court », a-t-elle indiqué sur le blog. Interrogée à ce propos, la patronne du channel de l’éditeur, Gavriella Schuster, n’a pas réagi. L’éditeur a toutefois fait savoir à notre « blogueuse », qu’il s’agissait là d’un programme commercial mis en place pendant la pandémie pour occuper les salariés des boutiques Microsoft physiques, en les consacrant à la vente de logiciels.

Un responsable des ventes de Microsoft, qui s’occupait auparavant de la vente de cosmétiques chez Bloomingdale’s (une chaîne de grands magasins), a depuis téléphoné à notre MSP californien, assumant totalement la stratégie de la société. Sa conversation a été enregistrée et transmise à nos confrères qui en publient de larges extraits. En voici un. « Nous sommes une organisation de ventes, nous sommes dans le métier pour faire des bénéfices tout comme vous. Ce sont tous des clients Microsoft », a asséné le commercial. « Non », l’a interrompu notre MSP, qui estime avoir fourni à la société en 25 ans de partenariat des millions de dollars de chiffre d’affaires grâce à ce client. « Sur ce point nos voies divergent. C’est mon client. C’est moi qui l’ai apporté à Microsoft. Vous n’aviez pas de relations avec lui jusqu’à ce que je vous l’amène. Vous le traitez comme s’il était votre client, vous êtes propriétaire de la relation et cela ne va pas du tout. Est-ce que je me trompe où vous êtes-vous mal exprimé ? » « Je ne me suis absolument pas mal exprimé », a répondu le commercial. « A un moment ou à un autre nous avons travaillé avec lui. Quoi qu’il en soit, que cette relation soit née d’un « partenaire » entre guillemets, ou d’un partenaire référencé, ou quoi que ce soit d’autre, nous avons à un moment donné travaillé avec ce client ». De plus en plus inquiet, le MSP a demandé à son interlocuteur s’il envisageait de fournir par exemple à un client une licence accompagnée d’un service d’intégration de Power BI. « On peut dire cela ainsi », lui a répondu le commercial. Voilà qui est clair.