Les États-Unis ferment cette fois entièrement leur marché à Kaspersky. Le Département du Commerce a annoncé le 20 juin l’interdiction pure et simple du « logiciel russe Kaspersky aux clients américains ». L’application sera rapide puisque dès le 20 juillet Kaspersky ne pourra plus vendre ses logiciels aux sociétés et aux consommateurs américains.
Par ailleurs, l’éditeur ne pourra fournir plus aucune mise à jour après le 29 septembre. Les utilisateurs sont ainsi « fortement encouragés » à rapidement changer de fournisseur pour ne pas se retrouver avec une solution obsolète. Les vendeurs et revendeurs qui enfreignent les restrictions s’exposeront eux à des amendes.
Le géant moscovite de la cybersécurité est depuis longtemps ciblé par l’administration américaine. Ses logiciels ont été interdits sur les réseaux civils et militaires fédéraux américains en 2017, puis dans les administrations en 2022, après l’inscription de l’entreprise sur la liste noire de la Federal Communications Commission.
« La Russie a montré à maintes reprises qu’elle avait la capacité et l’intention d’exploiter des entreprises russes, comme Kaspersky Lab, pour collecter et transformer des informations sensibles américaines en armes, et nous continuerons d’utiliser tous les outils à notre disposition pour protéger la sécurité nationale des États-Unis et le peuple américain », a déclaré la secrétaire au Commerce Gina Raimondo, pour justifier les nouvelles mesures.
Kaspersky, qui revendique 240 000 entreprises clientes et 400 millions d’utilisateurs dans le monde, a dénoncé dans un communiqué une décision « prise sur la base du climat géopolitique actuel et de préoccupations théoriques, plutôt que sur une évaluation globale de l’intégrité des produits et services ».
« Kaspersky fournit des produits et services de pointe clients du monde entier pour les protéger de tous types de cybermenaces, et a démontré à plusieurs reprises son indépendance à l’égard de tout gouvernement », affirme la société, considérant par ailleurs que la remise en cause de la coopération internationale se fera au bénéfice des acteurs de la cybercriminalité. « La société a l’intention d’exploiter toutes les options légalement disponibles pour préserver ses opérations et relations actuelles », précise-t-elle.
Depuis l’invasion de l’Ukraine, Kaspersky est vu aussi avec méfiance en Europe. En 2022, le service de cybersécurité allemand (BSI) avait encouragé les entreprises utilisant ses produits à changer d’antivirus. L’Italie avait, dans la foulée, ouvert une enquête. En France, l’ANSSI avait conseillé d’envisager une stratégie de diversification des fournisseurs.