À l’occasion de son entrée en bourse qui s’effectuait au début de la semaine, HPE, la division entreprise, a fait le point sur son évolution future. HPE, rappelons-le, sera désormais séparée de HP Inc, la partie PC et imprimantes, désormais autonome.
HPE, en France, ne représentera à terme qu’environ 3500 personnes, loin de la période faste de la présidence de Kléber Beauvillain (de 1964 à 2000) à la fin des années 80 où HP France construisait, dans son usine automatisée de l’Isle Abeau, des PC pour l’Europe entière.
Si la partie PC, HP Inc, conservera le logo bleu historique de la firme, la partie «entreprises» se voit dotée d’un rectangle vert, minimaliste, dans lequel Gerald Karsenti, le PDG de la filiale française, voit une forme «ouverte et moderne, une fenêtre tournée vers l’avenir ». Le cloud, la sécurité, la mobilité et le Big Data. Désormais dans notre «new style of business» on ne parlera plus uniquement de la technologie mais des avantages concurrentiels pour «transformer» l’infrastructure hybride, améliorer (tirer profit du Big data ), protéger (assurer la sécurité) et renforcer la productivité (solutions de mobilité, objets connectés). On introduit ainsi quatre « aires de transformation ». Enthousiaste, Gérald Karsenty énumérait les secteurs en pleine reconversion.
« On sera dans l’infogérance, les infos managés, les logiciels et les services financiers. On participe à tous les niveaux du big data. C’est un tournant magique. Une évolution aussi importante que l’imprimerie, que l’électricité. Le monde est désormais connecté, la voitures est connectée, la ville est connectée, l’univers médical le sera aussi. Cette mutation, on le fait aussi en assurant la scission. Avec notre challenge 2017, on s’était fixé des objectifs autour du cloud. La France est l’un des pays les plus en pointe dans ce domaine. On a démarré SFR business team avec leur application et une cinquantaine de projets de Cloud.»
Interrogé sur le mariage entre Dell et EMC, Gerald Karsenti s’est expliqué.
« Leurs choix valident ceux que nous avons déjà fait, ce sont ceux de solutions de bout en bout. On a regardé, il y a plus d’un an déjà, l’offre d’EMC, mais nous avions déjà une offre de stockage importante. On rencontre Dell surtout sur les offres de serveurs X86 moins dans les autres appels d’offres. Ce que fait Dell valide notre modèle, très vertueux. Mais il leur manque la brique réseau qui est super importante. Nous, pour notre part, on a racheté 3 Com puis plus récemment Aruba pour la partie sans fil. »
Interrogé sur IBM
«On les rencontre sur les offres d’infogérance et les mainframes. Mais on les voit de moins en moins depuis qu’ils ont abandonné les serveurs X86 et qu’ils se sont focalisés sur l’intégration. Ils seraient certainement de bons partenaires, s’ils se mettaient à vendre nos produits.» Une suggestion qui ne manqua pas de provoquer des sourires dans l’assistance.
Sur la distribution et la répartition du patrimoine d’HP
«On a lancé un nouveau « partner ready « sur nos 6000 partenaires. Il nous a fallu transformer des nombreux contrats et cela s’est déroulé parfaitement dans les délais. D’un point de vue organisation sur le terrain, il a fallu couper en deux les différents batîments, l’informatique, passer des alliances des partenariat pour la répartition. C’est un travail énorme. Entre la gestion des commandes et la logistique, il y a des milliers de programmes que l’on a du transformer. La recherche, en France, essentiellement tournée vers le HPC, reste dans le giron de HPE. »
Interrogé sur l’avenir du logiciel et sur Unix
« Unix reste une grand part de notre programme mais on les porte de plus en plus sur des X86 et sur Linux. Si le logiciel ne représente encore que 7 % des revenus de la firme, il représente une part important de nos investissements à venir. C’est plus de 4 milliards de dollars, on est le 6eme mondial tout confondu alors qu’on ne couvre pas du tout certains secteurs. On travaille par exemple avec SAP pour les ERP. On travaille aussi au développement de startUps. Nous en coachons 22 actuellement et nous leur ouvrons les portes de nos datacenters et proposons du testing en grandeur nature, de la formation technique et de la gestion d’entreprise. Notre objectif est de passer à 100 start-ups d’ici 2018. Je demande à chacun de mes dirigeants de suivre une start-up, afin qu’eux-mêmes s’imprègnent de cet esprit d’innovation. On aura bientôt un événement sur la santé et sur l’hôpital connecté et l’on aura l’occasion de montrer des nouveautés. Je suis persuadé que cela va constituer un environnement de développement important. »
Interrogé sur le nombre de personnes qui seraient impliquées par les licenciements annoncés par Meg Whitman, la directrice US.
« Sur les 30 000 personnes dans le monde, en fait plutôt 25000, il y en aura une partie en France. On n’a pas encore eu le temps d’en discuter avec les partenaires sociaux. On cherche à éviter les ruptures violentes. On a toujours bien travaillé dans ce domaine, on aura une restructuration limitée. On a eu des problèmes de pyramide des âges et l’on a du se séparer à regret de personnes qui disposaient de compétences et d’expériences. Depuis 4/5 ans, j ‘ai orienté les PSE vers des pré-retraites par départs volontaires et des recrutements en parallèle. Cela n’a pas été toujours facile à faire comprendre. On fait un travail de gestion provisionnelle avec la Gepec, un outil de gestion des emplois et des compétences qui a suscité l’intérêt de nos collègues en Europe et aux Etats-Unis. Ce sont les partenaires sociaux qui auront les chiffres en premier car on ne communique pas sur le nombre d’employés concernés. »
A priori, HPE qui regroupe environ 85 % des effectifs de l’ancien HP devrait employer à terme environ 3 500 personnes réparties sur deux sociétés (HPE France et HPE Centre de Compétences France). Pour les licenciements, ce serait donc environ 10% des effectifs. A Paris, à Nanterre ex Eds, aux Ulis, à Boulogne, à Grenoble, à l’Isle d’Abeau, à Sophia Antipolis, les employés d’HP attendent les réunions qui permettront de clarifier la situation, ce qui donne une image assez terne au cadre vert du nouvel HPE. En particulier, en Isère, où la faillite de 4500 entreprises en un an relatée dans le Dauphiné Libéré, ce matin dans la région crée un climat morose.
Interrogé sur la division qu’il avait choisie, Gérald Karsenti a, tout de go, déclaré : «On ne m’a pas laissé le choix». Les directeurs de divisions PC et impimantes sont devenus les directeurs des filiales, c’est le cas en france avec Pascale Dumas, la directrice de la division imprimantes et PC.« Ma culture est plus dans les services où j’ai longtemps travaillé avant de venir chez HP.»
Interrogé sur les éventuels nouveaux rapports avec les grandes sociétés de services comme Accenture et Cap Gemini, Gerald Karsenty évacuait toute nouvelle concurrence.
«Cela ne va rien changer, ce sont des partenaires essentiels et l’on ne va pas changer d’attitude».
Finalement, avec HPE, Hewlett Packard parait faire table rase des 15 dernières années, et de certains rachats désastreux, notamment celui d’EDS de 13,9 milliards de dollars en 2008 ou celui de 11 milliards d’Autonomy en 2011, même si les logiciels et les méthodes d’analyse qu’elles procurent, permettent des offres originales en infogérance. La fusion de 25 milliards de dollars, pas si coûteuse sur le moment, finalement, avec Compaq en 2001, reste le point d’orgue de cette période marquée par les mirages de la bulle Internet. Depuis 1999 à aujourd’hui, HP a eu six PDG, dont deux d’entre eux n’ont été qu’intérimaires. Leo Apotheker, l’ex président de SAP France, présent à peine un an, qui voulait démanteler l’activité PC, doit penser que ses choix très critiqués à l’époque, car ils remettaient en cause «les économies d’échelles» ont été finalement validés mais dans une formule plus « globalement positive » pour les actionnaires. L’aventure HP continue.
Pour les débuts de la cotation sur le Nyse, à New York , la partie PC, HP Inc, gagnait 12,9% à 13,82 dollars, tandis que HPE, surnommé familièrement Hewlett par les cambistes, en hausse en début de séance, puis en chute de 2%, remontait à 14,94 dollars soit une augmentation de 1,49% à 19 h30. Ce fut une journée positive pour les anciens actionnaires de HP qui avaient reçu un nombre équivalent d’actions des deux compagnies en échange de leurs stocks, si l’on se remémore la chute de 33% dans les six derniers mois du précédent titre. Mais les deux nouvelles valeurs auraient dû voir, selon les spécialistes, des hausses beaucoup plus significatives. La faute en incombe aussi à l’activité importante du marché boursier, par ailleurs.
La firme HPE qui emploiera environ 85 % des anciens employés de HP, devrait réaliser dés sa première année plus de 50 milliards de dollars de chiffres d’affaires, soit une vraie chute pour le premier fabricant mondial d’ordinateurs.
Pour justifier cette nouvelle situation, Gerald Karsenty, le PDG de la nouvelle entité en France, a précisé à ce propos : « Lorsqu’on pèse 110 milliards de dollars, on commence à être très lourd et cela n’a plus beaucoup de sens. HP était le numéro un de l’informatique, devant IBM. Mais vous pouvez être le numéro un en taille, et ne pas l’être du tout en influence technologique et de marché.» Il faudrait mieux être petit et agile pour prendre des décisions plus rapides. On ne pouvait que se remémorer les déclarations enthousiastes, il y a douze ans, de Philippe Starck, le PDG d’HP de l’époque, qui se réjouissait de la fusion de HP avec Compaq : «Le bilan est très positif. La fusion se justifiait par les besoins de consolidation du secteur. Il nous fallait réaliser des économies d’échelle.» Mais l’eau a coulé sous les ponts et le marché du PC et des imprimantes est devenu un autre monde, celui « des commodités » où la marge commerciale s’effectue largement sur les économies de la chaine logistique.
La numérisation des entreprises, le mantra d’HPE
Pour l’informatique de gestion traditionnelle, désormais entre les mains de HPE, la période parait beaucoup plus faste. Gerald Karsenti soulignait les options prises par la firme dans les dernières années.
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