Robert Bouchard n’est pas resté longtemps aux commandes d’Econocom. Après à peine huit mois passés à la tête de l’ESN, il a dû laisser sa place à son père, Jean-Louis Bouchard, qui lui en avait confié les clés en mars dernier. Il est vrai qu’entretemps, jusqu’alors florissante, la société bruxelloise a cumulé les mauvais résultats. La révision à la baisse de ses objectifs de résultat opérationnel 2018, ramenés de 58 millions d’euros à 33 millions d’euros, avait fait plonger le titre de 30% lors de la séance du 6 juillet. Au cours du mois, la chute atteignait quasiment les 50% et se prolongeait jusqu’à ces derniers jours où l’on constatait enfin une nouvelle embellie. Laquelle n’a pas suffi à calmer les craintes de Jean-Louis Bouchard qui a prié hier lundi son fils, de même que le directeur financier David Krieff, de quitter leurs fonctions opérationnelles au sein du groupe.

« En plein accord avec Robert et le conseil, mes priorités sont simples et claires : être au rendez-vous de nos objectifs de fin d’année 2018 et préparer une nouvelle phase de développement du groupe », indique sobrement le fondateur et président d’Econocom dans un communiqué. Ces départs s’ajoutent à celui de Sébastien Musset intervenu fin septembre pour des raisons inconnues. Le directeur général France et directeur exécutif du groupe a aussitôt rejoint le groupe breton Arkéa en tant que directeur général chargé du pôle « Clientèle Retail ».

Diplômé de l’Institut Supérieur de Gestion et de l’université de Stanford, Robert Bouchard a commencé sa vie professionnelle en créant et développant trois restaurants à Paris. Il a rejoint Econocom en 2009 en tant que membre du conseil d’administration tout en poursuivant d’autres activités, notamment celle de président d’APL, société de conseil et concepteur de datacenters. En 2015, il s’est vu confier la vice-présidence du groupe et la présidence du comité d’audit. En 2016, il a pris des fonctions opérationnelles en assurant la direction de la filiale Digital Dimension. Nommé directeur des opérations d’Econocom en 2017, il a mené à bien la phase finale du plan stratégique « Mutation 2013-2017 », ce qui a décidé son père de lui céder les rênes de l’entreprise. « Je travaille étroitement avec Robert depuis plus de 20 ans », déclarait alors ce dernier. « Il a toutes les qualités pour assumer ses nouvelles fonctions et conduire le groupe, avec succès, dans une nouvelle phase de développement et de création de valeur ». Des paroles qui résonnent étrangement aujourd’hui.

Pour Stefaan Genoe, directeur Equity Research à la banque d’affaires bruxelloise Degroof Petercam, interrogé par nos confrères du magazine économique belge L’Echo les changements actuels pourraient engendrer des spéculations de rachat de l’ESN à moyen terme.