Quelles sont les grandes tendances 2014 pour le marché français des technologies de l’information et de la communication ? Nous avons posé la question à Didier Krainc, directeur général d’IDC France.


Après une année 2013 marquée par la stagnation, 2014 devrait être celle du rebond pour l’IT français. Hors téléphonie mobile, smartphones et tablettes, les dépenses en technologies de l’information et de communications des entreprises françaises devraient enregistrer une croissance de 1,9% en 2014, contre une croissance de seulement 0,2% en 2013. À 43,3 milliards d’euros, cette dépense IT des entreprises devrait légèrement dépasser son niveau de 2008 (42,8 Md€).

Le matériel à la fête


C’est le matériel qui devrait être le fer de lance de ce rebond avec une croissance de 2,6% en 2014 (compensant exactement les -2,6% enregistrés en 2013). Une dynamique qui devrait notamment profiter aux infrastructures, aux appliances de sécurité et au stockage. Les services devraient également revenir dans le vert (à +1,4% contre -0,5% en 2013) et les logiciels accélérer (à +2,3% au lieu de +1,9% en 2013).

À noter que, comme en 2013, les logiciels devraient continuer à transiter vers le modèle SaaS, qui a alimenté 100% de la croissance du marché en 2013 (avec une progression de 23% des logiciels SaaS). Une transition vers un modèle récurrent qui fait dire à Didier Krainc que la tendance globale du logiciel est finalement plus saine que ne le laisse penser à première vue son taux de croissance.

Les SMACs devraient capter 89% de la croissance 2014


Voilà pour la vision d’ensemble. Dans le détail, IDC anticipe une évolution très contrastée des dépenses consacrées à « l’héritage » et celles consacrées à la transformation numérique dont les pilliers sont le social (les réseaux sociaux), la mobilité, l’analytique (BI, Big Data) et le Cloud. Ce qu’IDC appelle les SMACs et qui devraient capter 89% de la croissance du marché en 2014.

IDC prévoit ainsi une croissance annuelle moyenne de 27% du Big Data entre 2014 et 2017. Dans le même temps, le taux d’équipement des entreprises de plus de 500 salariés devrait passer de 20% à plus de 50%.

Le marché du Cloud devrait croître pour sa part de 36% pour atteindre 3,5 milliards d’euros en 2014. 63% des grandes entreprises y ont déjà recours (contre 55% fin 2012) et 33% ont une utilisation intensive. Le Cloud représente déjà 5% de la dépense informatique des entreprises françaises. Si le Cloud reste privé pour 86% d’entre elles, 32% déclarent utiliser le Cloud Public et 16% un Cloud hybride.

Le Cloud public, segment dominant du Cloud


« Qu’on le veuille ou non, le Cloud public est devenu une réalité dans les entreprises sous l’impulsion des métiers, souligne Didier Krainc. Du coup, les entreprises n’ont d’autre choix que d’engager une réflexion sur la criticité et la sécurité de la donnée, ce qui favorise l’émergence du Cloud hybride. »

IDC anticipe ainsi une croissance de 20% du Cloud privé sur site en 2014, à 640 millions d’euros. La plus forte croissance (+54%) viendra du Cloud privé hébergé par un prestataire, résultat de la transformation des contrats d’externalisation-infogérance existants, qui devrait atteindre 600 millions d’euros. Mais le segment dominant restera le Cloud public avec une progression de 34 % à 1,7 milliards d’euros. L’ensemble représente, même si les usages restent encore en grande partie limités aux applications non critiques.

La situation de la mobilité dans les grandes entreprises est quelque peu comparable à celle du Cloud avec 75% des DSI réfractaires à l’utilisation professionnelle d’outils de mobilité personnels mais 80% ayant dû entamer une évaluation des besoins (sous l’impulsion dans presque la moitié des cas des directions générales) et 33% des entreprises ayant des projets de mobilité inscrits dans leur politique globale.

Le channel devrait croître de 2,1% par an jusqu’en 2016


Rappelons que les entreprises de distribution et de services IT devraient être aux premières loges pour profiter de cette reprise de la dépense informatique. Selon une étude réalisée fin 2012, leur chiffre d’affaires cumulé progressera de 1,95 milliard d’euros de 2012 à 2016 passant de 22,4 milliards d’euros en 2012 à 24,4 en 2016, soit 2,1% de croissance en rythme annuel moyen.

Toutefois, en 4 ans, l’indirect devrait perdre 400 millions d’euros de ventes de matériels, principalement en raison de la diminution du marché des PC qui va perdre plus de 800 millions d’euros sur la période (-5,1% de décroissance annuelle moyenne), soulignait à l’époque IDC. Avant d’ajouter : « les marchés des imprimantes et multifonctions et surtout des équipements réseaux devraient rester dynamiques. Le marché des infrastructures (serveurs et stockage) sera quant à lui en légère croissance. »