La division Watson Health d’IBM est à vendre indique le Wall Street Journal. En abandonnant la « Medtech », Arvind Krishna met fin à une aventure coûteuse, sinon la plus dispendieuse de Big Blue, et marque la rupture avec l’ère Rometty. Pour enrichir la division, cette dernière n’a pas hésité à y injecter des sommes astronomiques en acquérant Truven Helath Analytics – et ses 8.000 clients – en 2016 pour 2,6 milliards de dollars, en s’offrant le spécialiste de l’imagerie médicale Merge pour 1 milliard de dollars en 2015 et en rachetant, toujours en 2015, les fournisseurs de solutions cloud pour le secteur de la santé Phytel et Explorys pour des montants non identifiés. Des acquisitions que la firme d’Armonk n’a apparemment pas réussit à monétiser.

La division, qui dispose d’un siège spécifique à Cambridge dans le Massachusetts, génère selon nos confrères un milliard de dollars de chiffre d’affaires mais n’est toujours pas rentable malgré les coupes sombres opérées dans ses effectifs tout particulièrement au sein des équipes issues de ses acquisitions (environ la moitié de la division aurait été ainsi licenciée en 2018). Les hôpitaux, laboratoires, facultés et assureurs ne semblent pas se bousculer pour signer des contrats importants, doutant de la réalité du retour sur investissement. En janvier 2017, le centre de cancérologie de l’université du Texas suspendait ainsi un projet Watson Health après avoir dépensé 60 millions de dollars auprès de consultants IBM et PricewaterhouseCoopers. Peu après, plusieurs analystes tiraient la sonnette d’alarme. « Nos recherches démontrent que la plateforme Watson reste une des plateformes cognitives les plus complètes disponibles actuellement sur le marché. Toutefois, beaucoup de nouveaux lancements de projets nécessitent beaucoup de consulting pour rassembler et conserver les données, ce qui fait que certaines organisations rechignent à s’engager avec Watson », indiquait alors une note de Jefferies.

IBM, qui a affiché en 2020 un chiffre d’affaires apparemment confortable de 73,6 milliards de dollars, mais en baisse de 5% sur un an à périmètre comparable, ne peut plus s’offrir « une danseuse ». La société qui a engagé le spin-off de son activité Managed Infrastructure Services pour se concentrer sur le cloud et lancé un plan de « rééquilibrage des effectifs » souhaite désormais se concentrer sur l’activité cloud, laquelle a enregistré l’an dernier un bond de 19%. Les autres activités de Watson ne semblent toutefois pas menacées.