Poursuivi par la SEC (Securities and Exchange Commission) pour avoir enfreint plusieurs dispositions des lois américaines sur les valeurs mobilières, y compris les dispositions relatives aux contrôles et à la lutte contre la fraude, HP va devoir s’acquitter d’une amende de 6 millions de dollars. Les accusations concernent les efforts déployés au sein de la société pour atteindre ses objectifs de ventes et de revenus provenant des fournitures d’impression, et concernent période couvrant la fin de l’année 2015 – l’année de la séparation entre HP Inc. et Hewlett Packard Enterprise – et le premier semestre 2016 indique CRN qui rapporte l’information.
Dans un communiqué, la commission précise que HP va effectuer ce paiement « sans admettre ni nier les conclusions de la SEC ». « Nous sommes heureux d’avoir résolu cette question qui concerne des événements historiques d’il y a près de cinq ans », a de son côté fait savoir le constructeur dans un autre communiqué.
Dans le cadre de la scission de Hewlett-Packard, l’activité impression a pris selon la SEC « une importance supplémentaire pour le plus petit HP qui émergerait après la séparation ». C’était particulièrement le cas pour le segment très rentable des fournitures d’impression. « Les dirigeants de HP ont reconnu la nécessité d’améliorer les revenus et la rentabilité dans le secteur de l’impression après la scission, et ont souligné l’importance de respecter leurs budgets de fournitures », explique la Commission. « Cela a conduit les responsables régionaux de l’unité commerciale Fournitures à prendre un certain nombre de mesures afin de respecter leurs prévisions individuelles, ce qui a finalement augmenté les stocks des canaux de distribution et réduit les marges bénéficiaires dans le monde entier. »
Parmi les griefs formulés par la SEC figurent notamment la divulgation aux investisseurs d’informations fragmentaires. HP, qui n’aurait pas reçu à temps l’état des stocks de ses partenaires de niveau 2, aurait fourni des chiffres en se basant sur une estimation incomplète.
La firme de San Jose n’aurait pas non plus révélé qu’au début de 2015, certains responsables des ventes ont accordé des remises de fin de trimestre afin d’atteindre leurs objectifs. Ces incitations financières auraient été utilisées pour accélérer, ou « pull-in », les ventes attendues pour les trimestres suivants. Cela s’est soldé par une baisse des ventes au cours des deux premiers mois du trimestre, le channel préférant attendre les remises plus importantes accordées le troisième mois. Ce modèle s’est accéléré à la fin de 2015 et au début de 2016 indique la SEC qui ajoute que cela s’est soldé par des marges bénéficiaires plus faible que prévu.
Toujours pour atteindre leurs objectifs, les directeurs commerciaux de la société ont encouragé les ventes de distributeurs de niveau 1 aux partenaires de niveau 2 en leur accordant des remises supplémentaires, des ventes qui n’ont « pas modifié l’inventaire global du channel en l’absence de ventes supplémentaires aux utilisateurs finaux ».
Une autre pratique identifiée par la SEC, qui se serait produite dans la région Asie-Pacifique et Japon (APJ), était la vente de fournitures avec des remises plus importantes à des revendeurs ou des courtiers « connus pour vendre des fournitures HP en dehors de leur territoire ». Cette pratique décrite en interne comme du « marketing gris » ou comme du « A-Business » dans la région APJ, aurait été tenue secrète. De nombreux produits de cette région auraient ainsi été écoulés sur le marché EMEA, cannibalisant les ventes et réduisant les marges des distributeurs locaux. Cela a amené les responsables de ces territoires à réduire leur prix « pour lutter contre le marketing gris de la région APJ », indique encore le gendarme américain de la bourse qui assure que certains des produits à prix réduit de la région EMEA ont fini par arriver sur certains marchés de la région Amériques, provoquant une nouvelle cannibalisation des ventes et une pression sur les marges dans cette région également.
De novembre 2015 à juin 2016, HP aurait omis de fournir aux investisseurs des informations importantes concernant l’impact de ces pratiques, rendant les éléments du constructeur « incomplets et trompeurs ».
Après avoir ajusté son modèle pour tenir compte de ces pratiques, le fabricant aurait réduit les stocks de ses canaux de ventes et ses revenus nets de 450 millions de dollars, soit environ 5% du chiffre d’affaires du segment impression. Cela s’est traduit en juin 2016 par une chute de près de 6% de l’action et par l’élimination de plus d’un milliard de dollars de capitalisation boursière, précise encore la SEC.