La technologie de gestion des données en mémoire de l’éditeur est en production au sein de plusieurs entreprises françaises, comme Faurecia ou Vinci Energies. Même si l’Hexagone affiche un certain retard au démarrage.


Après avoir vanté depuis 2009 les caractéristiques de l’informatique en mémoire, et illustré à maintes reprises les atouts de sa plate-forme Hana née de ce choix technologique, SAP prêche par l’exemple. La semaine dernière, le premier éditeur européen réunissait à Paris ses partenaires et les premières entreprises françaises qui ont mis en production des applications basées sur Hana. Des pionniers qui se comptent encore sur les doigts d’une main, même si de nombreuses autres organisations ont lancé des pilotes ou des tests autour de la technologie.

Pour Claude Molly-Mitton, le président de l’USF (le club des utilisateurs SAP francophones), il y a bien un retard français dans l’accueil de la technologie, décalage qui lui paraît évident au regard de ses contacts avec les associations d’utilisateurs à l’étranger. « Même si la question n’est plus aujourd’hui de savoir s’il faut y aller ou pas. Mais plutôt quand y aller, comment, pour quel coût et quel retour sur investissement », précise-t-il, invoquant des aspects culturels pour expliquer la timidité des organisations hexagonales. Avant de lancer : « Métiers, osez demander des choses folles à vos DSI ! » Si Henri van der Vaeren, le DG de SAP France, ne nie pas ce décalage, il décèle un changement dans l’attitude des entreprises depuis 6 mois, un « déclic » qui se concrétise par une vague de nouvelles signatures.

De facto, ceux qui doutaient encore auront été rassurés par la teneur des témoignages des DSI de Faurecia – Bertrand Eteneau – et de Vinci Energies – Dominique Tessaro. Qui tous deux partagent le même constat : même si la technologie est relativement jeune, elle est stabilisée, ce qui permet des mises en œuvre rapides et peu risquées. Ensuite – et c’était une autre promesse de SAP -, elle offre bien une réponse à des problématiques que la DSI avait jusqu’alors du contourner ou repousser, faute de performances suffisantes. Comme l’illustre le cas de l’équipementier automobile Faurecia, qui gère, avec de faibles marges, des programmes d’une dizaine d’années d’une grande complexité.

Fiabiliser les réapprovisionnements


« Nos usines de production sont capables de livrer un équipement à la minute près sur la chaîne du constructeur – en cas de retard, nous sommes soumis à des pénalités se chiffrant à plusieurs milliers d’euros par produit et par minute – et de gérer une grande diversité de finition. Pour les grands constructeurs allemands, deux équipements qui se suivent sont presque toujours différents, détaille Bertrand Eteneau. Sur un siège, dans certains véhicules, vous avez plus de mille combinaisons possibles de coiffe (revêtement du siège). Et, même si nous disposons de prévisions de vente, nous ne recevons l’ordre ferme que 4 heures avant installation de l’équipement dans le véhicule. »

Une telle complexité se traduit évidemment par de grandes difficultés dans la gestion des réapprovisionnements. Même avec des infrastructures au meilleur niveau, le calcul prenait 21 ou 22 heures dans certaines usines. Et il faut le faire tous les jours. « Avec Hana, ce temps est ramené à quelques minutes. La valeur pour le métier est évidente : la replanification devient un outil flexible, utilisable plusieurs fois par jour. Ce qui permet aussi de travailler avec des données plus fraîches, donc plus fiables », témoigne le DSI. Déjà déployé dans deux usines, le MRP (Manufacturing Resource Planning) sur Hana va être étendu prochainement à d’autres implantations.

« La fin de la modélisation à priori dans le décisionnel »


S’ils y trouvent un intérêt immédiat – le MRP et le calcul de rentabilité chez Faurecia, le calcul d’indicateurs communs dans une entreprise ayant grossi par acquisitions chez Vinci Energies -, les deux DSI n’en oublient pas les perspectives qu’ouvre Hana. A commencer par la libération de l’accès aux données, comme le note Dominique Tessaro : « Hana offre la capacité à charger toutes les données, sans consolidation préalable, sans nécessité pour la MOA de définir des reportings en amont. Cette dernière aura alors accès à des outils lui permettant d’effectuer son reporting seul. Et la DSI ne sera plus perçue comme un frein sur ce sujet ». « La grande perspective, c’est la fin de la modélisation à priori dans le décisionnel, ce qui va libérer l’accès à la donnée par les métiers », abonde Bertrand Eteneau. A condition toutefois de donner aux métiers une bonne vision des capacités de la technologie, note Dominique Tessaro qui a lancé des ateliers avec les métiers concernés par les projets Hana (finance, achats, RH).

« Hana apporte des solutions en rupture, mais elle doit être associée à une problématique métier claire », remarque d’ailleurs Jean-François Ausseur, senior vice-président d’Atos, en charge de l’intégration de systèmes en France. Un partenaire de SAP qui est d’ailleurs aussi un utilisateur de Hana. Tant pour analyser la profitabilité des grands projets à travers différents pays, avec un temps de calcul ramené de 3 ou 4 jours à 1h ou 1h30, que pour rapprocher les demandes des clients des compétences disponibles à un instant t dans le groupe. « Nos clients nous demandent de réagir en 48 heures en cas de difficulté sur un projet. Hana nous permet de sortir tout de suite les disponibilités sur l’ensemble du périmètre du groupe et de réagir en temps et en heure », illustre Jean-François Ausseur. Preuve que les partenaires de l’éditeur ont compris comment insérer Hana au cœur de leurs processus critiques. Sans retard.

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