En retard sur le déploiement de son réseau mobile, Free doit s’appuyer sur son accord d’itinérance avec Orange, lequel pèse sur ses résultats. A la recherche d’économies, il cherche un nouvel équipementier.

« Free a pris du retard dans ses déploiements par rapport à ce que le groupe avait annoncé. Alors que le nouvel entrant avait affiché un objectif d’installation de 2.500 antennes fin 2012, il n’en avait déployé que 1.779, selon les calculs effectués par l’Agence nationale des fréquences », a déclaré la ministre déléguée chargée de l’Economie numérique, Fleur Pellerin, aux Échos. A ce chiffre, concernant les antennes UMTS 2100 et les stations bi-bande, (UMTS 2100 et GSM 900) actuellement en service, il convient toutefois d’ajouter les 9 stations 4G (2,6 GHz) opérationnelles.

S’il reste bien en deçà de ses propres engagements, l’opérateur ne contrevient toutefois pas à ses obligations qui sont de couvrir 75% du territoire en 2015. Pour y parvenir, Free devra cependant surmonter des obstacles de taille. En effet l’opérateur a jusqu’à présent déployé la plupart de ses antennes dans les zones peu denses où les autorisations sont relativement faciles à obtenir.

Il n’en va pas de même dans les grandes villes où les maires et les associations de riverains mènent souvent un combat contre l’installation de nouveaux relais, considérés par ces derniers comme potentiellement dangereux pour la santé. C’est pourquoi l’opérateur est contraint dans ces grandes métropoles de s’appuyer fortement sur le réseau d’Orange avec les problèmes de réception que cela peut provoquer.

L’accord d’itinérance conclut avec l’opérateur historique se traduit en effet par un bridage de la bande passante. Bridage que le nouvel entrant impute à Orange, mais qui pourrait tout aussi bien être de son fait afin de limiter le coût de cette itinérance dont les débits sont encadrés contractuellement ; tout dépassement donnant lieu à une majoration.

Et cette dernière coûte très cher au quatrième opérateur. Dans un entretien accordé aux Echos, le secrétaire général de France Télécom, Pierre Louette, explique que le contrat d’itinérance, initialement estimé à un milliard d’euros sur six ans, va finalement rapporter 500 millions d’euros par an à l’opérateur historique. « Ce revenu finance presque à lui seul l’investissement annuel dans notre réseau mobile en France », se félicite Pierre Louette.

Free a donc tout intérêt à déployer de nouvelles installations. La filiale d’Iliad peut par ailleurs depuis le 1er janvier utiliser la bande des 900 MHz, jusqu’à présent réservée à ses concurrents dans les grandes métropoles, ce qui devrait soulager le réseau et permettre une meilleure réception 3G à l’intérieur des bâtiments. Huit villes sont concernées par la mesure (Bayonne, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Paris, Strasbourg et Toulouse).

L’itinérance coûte 10 euros par abonné et par mois

Si les propos de Pierre Louette sont exacts, les 500 millions d’euros versés par Free à France Télécom représentent en moyenne 10 euros par abonné et par mois. Si l’on considère qu’une partie non négligeable des abonnés a opté pour un abonnement à 2 euros, on peut en déduire que l’opérateur ne gagne pas grand-chose sur ses clients mobiles.

Cela pourrait expliquer, du moins en partie, le lancement par l’opérateur d’un nouvel appel d’offres auprès des équipementiers, son fournisseur attitré, Nokia Siemens, étant ainsi mis en concurrence pour la fourniture de nouvelles stations.

La présence parmi les candidats d’Huawei (suspecté de dumping par la Commission européenne) devrait permettre de faire baisser fortement les prix. Selon nos confrères des Echos, qui divulguent l’existence de ce nouvel appel d’offres, Bouygues Telecom et SFR auraient ainsi déjà basculé de 30 % à 50 % de leur parc d’antennes vers des équipements du fabricant chinois.

Le choix d’un nouvel équipementier qui prendrait en charge l’installation pourrait par ailleurs accélérer la mise en service de nouvelles antennes-relais.