Y a-t-il un intérêt environnemental à éteindre les réseaux 2G/3G et à les migrer vers la 4G/5G ? Oui répond sans hésiter l’Arcep sur la base d’une étude menée par un Comité d’experts techniques. Oui mais, répond Frédérick Marchand, cofondateur de Fruggr, une solution SaaS de pilotage RSE du numérique.

La migration des technologies 2G/3G vers les technologies 4G/5G permet un gain récurrent de consommation électrique qui compenserait dès la première année le renouvellement anticipé des équipements devenus obsolètes, explique l’Arcep sur la base du rapport de son Comité d’experts.

« Les réseaux 2G/3G, malgré la baisse continue des usages qu’ils portent, représentent une part non négligeable de la consommation électrique des réseaux mobiles toute technologie confondue : entre 21% et 33% de l’ensemble des stations de base des réseaux aujourd’hui et possiblement environ 17% à horizon 2025 », écrit l’Arcep.

Le gain de consommation électrique lié à la migration des technologies 2G/3G vers les technologies 4G/5G suffirait à compenser rapidement l’impact carbone lié au renouvellement des terminaux et objets connectés non compatibles 4G/5G, explique l’Arcep.

Le bilan carbone de la migration deviendrait ainsi positif en près de deux mois si les terminaux considérés n’incluent que les téléphones mobiles, et presque six mois si l’on prend également en compte les objets connectés, tels que, les terminaux de paiement, les compteurs intelligents et les interphones, ont ainsi calculé les experts de l’Arcep.

S’il salue l’existence de cette étude – une première – et la démarche de l’Arcep, « qui va dans le bon sens », Frédérick Marchand en souligne toutefois les manques et les lacunes. « Cette étude est centrée sur l’impact carbone et n’a pas examiné les autres catégories d’impact environnemental comme l’eau, l’énergie ou les ressources abiotiques », regrette-t-il.

Il souligne également que tout un pan d’objets connectés (notamment les systèmes embarqués dans les automobiles ou les ascenseurs) n’a pas été pris en compte dans l’étude. Autres paramètres non pris en compte, le coût pour les utilisateurs du changement de terminaux, le recouvrement encore incomplet des réseaux 3G par les réseaux 4G et l’effet rebond lié à la généralisation de la 4G : en effet, le remplacement d’une technologie par une technologie plus puissante a tendance à induire de nouveaux usages plus consommateurs.

« Oui, il y a un intérêt à éteindre les antennes 2G/3G très consommatrices d’électricité mais il y a des externalités qui n’ont pas été suffisamment prises en compte », selon Frédérick Marchand. Il aurait fallu par exemple lancer des actions pour minimiser l’empreinte sociale et en profiter pour lancer un processus de réindustrialisation pour remplacer les produits obsolètes par des produits français, suggère-t-il.

Selon le calendrier fourni par les opérateurs, les premiers ont prévu d’éteindre leur réseau 2G/3G en 2027. Orange devrait fermer la marche en débranchant ses propres réseaux 2G/3G en 2030.