Nicolas D’Ambrosio, DSI de l’intégrateur Oracle EasyTeam, revient sur son intégration du Cloud ainsi que sur l’impact de la mise en place d’un réseau social et d’un projet de BYOD, pour soutenir ses processus.


Nicolas D’Ambrosio :  Easyteam est une société de service française spécialisée dans la fourniture, l’intégration et la gestion de solutions Oracle. Créée en 2005, l’entreprise évolue dans un contexte d’hypercroissance, en moyenne de plus 100 % de croissance par an.

Ainsi, il y a deux ans, Easyteam a été lauréate des Deloitte Fast 50, trophées qui récompensent les entreprises de nouvelles technologies en plus forte croissance française sur les 5 dernières années : 1er sur le Sud ouest ou se trouve son siège et 2e au niveau national.

Aujourd’hui, l’entreprise dispose de 6 agences réparties sur l’ensemble de la France et travaillant en réseau.

LeMagIT : Dans ce contexte assez favorable, la préoccupation de la DSI est donc d’accompagner la croissance de l’activité…

Nicolas D’Ambrosio : Du fait de la croissance que nous connaissons, une attention toute particulière a été apportée au système d’information et de communication de l’entreprise. Si l’on veut accompagner efficacement une croissance, il convient d’abord de l’anticiper, pour justement éviter de subir.

Au niveau du SI, cela passe notamment par un certain nombre d’innovations.

LeMagIT : Concrètement comment se traduit cette innovation ?

Nicolas D’Ambrosio : Avec la mise en œuvre de projets comme la refonte entière de notre réseau : nos agences ont été reliées entre elles, via la technologie MPLS. L’objectif était de gagner en sécurité et en qualité de réseau. Mais également d’anticiper une croissance prévisible. Lorsque je suis entré chez Easyteam, nous étions quelques uns. Aujourd’hui, nous sommes une centaine… Pour supporter ce genre de développement et évoluer sans heurts, il convient de construire de solides fondations pour son réseau et de s’assurer d’une sécurité maximale au niveau des systèmes d’information. Cela se traduit y compris dans l’intitulé de ma fonction, Directeur de l’Informatique et de la sécurité.

Nous avons réalisé ces objectifs en basculant l’ensemble de notre réseau sur une MPLS entièrement fibrée, et entièrement redondée dans chacune de nos agences.


LeMagIT : Et aujourd’hui, quel est le projet qui vous mobilise le plus ?

Nicolas D’Ambrosio : La mise en place d’un réseau hautement disponible et hautement sécurisé était un préalable à la mise en place progressive d’un système d’information disponible et utilisable à la demande …

LeMagIT : En recourant aux solutions de Cloud computing…

Nicolas D’Ambrosio : C’est du 100 % cloud. Pour sécuriser et maîtriser les coûts du SI tout en restant à la pointe de la technologie, l’objectif a été  d’externaliser nos serveurs dans du cloud. Et du cloud français. Pourquoi ? Pour mieux répondre aux exigences de nos clients, préoccupés par la localisation et la maitrise de leurs données. D’où le choix d’un cloud français, en plus d’un fournisseur de MPLS français.

LeMagIT : Vous avez opté pour un modèle de cloud hybride, qu’est-ce que cela signifie ?

Nicolas D’Ambrosio : Avant, nous étions sur un cloud privé : nous possédions des serveurs dans nos agences et nous louions également des emplacements dans des data centers, où l’on apportait nos propres machines.

Avec le vieillissement des machines, le coût de revient de chaque serveur, etc., nous ne pouvions pas  pérenniser ce modèle. Surtout  avec le souci d’innovation et d’évolution en faveur de nos clients qui nous anime. Nous nous sommes donc réorientés sur un modèle de cloud hybride, mais 100 % public. Nous en avons tiré plusieurs avantages.

D’une part, le cœur de métier d’Easyteam n’étant pas le hardware, nous n’avions pas, de ce fait, en interne cette compétence. Autant soulager la Direction Informatique de cette préoccupation. Tout en la confiant à des experts. Nous avons choisi comme hébergeurs OVH et Orange. Du coup, nous avons bénéficié de machines performantes, à la pointe de la technologie, avec deux des meilleurs réseaux français.

Dans le même temps, notre Direction Informatique a pu se concentrer sur les métiers d’Easyteam. Et en faire profiter ses clients. Ce qui, en fait, constituait l’un des objectifs principaux de cette migration.

LeMagIT : Avez-vous opté pour un modèle de Cloud qui séparait applications propres à Easyteam et celles de ses clients ?

Nicolas D’Ambrosio : Effectivement, on a distingué un cloud qui héberge des applications 100 % dédiées à Easyteam de celui abritant les applications de nos clients.

Le cloud interne héberge,  d’abord,  des applications que nous avons développées comme par exemple  le suivi des temps, la gestion de la connaissance etc…

Mais nos équipes de développement utilisent également ces machines, sur un mode collaboratif, pour finaliser, par exemple, les nouvelles versions concernant les applications de nos clients avant de les déployer sur l’autre cloud orienté client.

Partager procure ainsi une plus grande souplesse à notre système d’information et une meilleure réactivité par rapport au client.

LeMagIT : L’environnement client, c’est vous qui le gérez également, bien sûr…

Nicolas D’Ambrosio : Entièrement. Par contre, le hardware et les réseaux sont l’affaire d’Orange -qui est notre prestataire internet- et d’OVH où, justement, sont localisées certaines applications dédiées à la gestion de nos clients.

LeMagIT : Vos clients ont donc un accès direct à leurs applis et à leurs données, sans votre intervention ou vos canaux ?

Nicolas D’Ambrosio : En termes de sécurité, c’est extrêmement restrictif. Pour avoir accès aux machines qui hébergent les données clients,  il est obligatoire d’emprunter et de s’identifier sur notre réseau.

L’objectif est d’assurer une sécurité ultra-renforcée.

LeMagIT : Les clients manifestent-ils encore des appréhensions vis-à-vis du modèle Cloud computing ?

Nicolas D’Ambrosio : Cela dépend pas mal de l’activité de l’entreprise. Mais oui, beaucoup s’interrogent ou ont besoin d’être rassurés, en termes de sécurité principalement.

Nous savons répondre à cette inquiétude parce nous avons considérablement travaillé ce point dans nos projets.

Mais de là à dire que 100% de nos clients adhèrent au modèle cloud …

L’autre grande préoccupation est : « où sont les données ? ».   Nous, nous pouvons assurer que les données sont en France, maitrisées par Easyteam. Un autre facteur de ce problème est la législation. Il est préférable de toute façon que les données ne franchissent pas l’Atlantique, pour des raisons de fiabilité, tout simplement…

Les deux préoccupations de sécurité et de localisation sont très liées.

LeMagIT : Le cloud permet-il de proposer un argument économique déterminant ?

Nicolas D’Ambrosio : Les premiers convaincus sur ce point, c’est nous ! En interne, le Cloud nous a assurés une maîtrise des coûts avec des économies de hardware, de serveurs… Cela, comme je l’ai dit, a également favorisé un renforcement de la sécurité.

En interne donc, l’argument est très convaincant. Ce n’est pas difficile, ensuite, de le mettre en avant pour nos clients : le cloud permet très clairement d’avancer un argument économique très, très fort.

LeMagIT : Pouvez-vous donner une idée de la diminution des coûts ?

Nicolas D’Ambrosio : Dans une entreprise qui réalise en moyenne 100% de croissance par an, travailler à coût constant d’une année sur l’autre revient à reduire de 50% les coûts à service équivalent. C’est ce que nous avons fait sur les 12 derniers mois tout en augmentant, parallèlement, la qualité de service, en améliorant la sécurité et en se donnant la possibilité de se concentrer plus sur les métiers d’Easyteam.

LeMagIT : Quels sont les autres projets implémentés en interne par la DSI ?

Nicolas D’Ambrosio : Un réseau social d’entreprise et un projet de BYOD (Bring your own device).


LeMagIT : Quel résultat pour la mise en place du réseau social ?

Nicolas D’Ambrosio : L’objectif était l’amélioration de l’aspect collaboratif au sein de notre organisation distribuée sur 6 agences, afin de vraiment favoriser la communication.

Nous avons choisi Yammer, l’application de Microsoft. Très clairement, l’utilisation du réseau social explose aujourd’hui chez Easyteam. A tel point qu’il remplace très souvent la messagerie: pour s’adresser à certain groupe de personnes, on est souvent plus tenté d’aller sur Yammer que d’écrire un mail.

Le succès est tel que la fréquentation de notre RSE devient supérieure à celle de  notre intranet.

Le réseau social favorise énormément l’émergence de nouveaux talents et fluidifie la communication au sein de l’entreprise : on crée des groupes dans Yammer. Un groupe « manager », un groupe « commercial », un groupe « support infogérance » et ces personnes-là vont communiquer entre elles ou avec les autres personnes de la société sur leur activité, leur problématique du moment, ou avoir connaissance de dossiers sur lesquels travaillent les commerciaux en ce moment, etc.

Souvent donc, on assiste à l’intervention de personnes – « ah, mais moi je maitrise ce sujet-là, donc je peux éventuellement t’aider »;  « Moi, je connais tel client, si tu le souhaites, je peux monter le dossier avec toi », etc.  Ainsi un collaborateur « avant-vente » va se joindre à l’élaboration d’une proposition.

Et ce n’est qu’un exemple.  Donc,  cela permet une  communication fluide et instantanée, beaucoup plus restrictive par mail. 


LeMagIT : L’apport à la productivité ?

Nicolas D’Ambrosio : Quand un nouveau commercial ou un nouveau consultant rejoint la société, il ne connait l’historique sur tel ou tel thème présents. Le réseau social d’entreprise, qui capitalise des informations qui ne sont jamais effacées, va leur permettre une intégration plus rapide dans les préoccupations de l’entreprise.

De plus, la frontière entre les différents services d’Easyteam se trouve réduite. On entend souvent dire que les métiers ne parviennent pas à communiquer avec la DSI, que le management ne sait pas communiquer avec ses consultants, que dans l’administratif – un pôle à part – personne ne sait exactement de quoi il se compose…

Tout cela, c’est fini chez Easyteam. Le dialogue interservices est maintenant beaucoup plus simple, plus agréable et intuitif qu’avant. L’évolution est spectaculaire !

LeMagIT : L’implémentation d’un réseau social présente-t-il  des difficultés particulières ?

Nicolas D’Ambrosio : Franchement, c’est tellement simple que ça permet justement de ne pas s’attarder sur la mise en œuvre… On peut ainsi se concentrer sur l’apport aux consultants et aux salariés d’Easyteam. 

Du fait de notre taille,  nous n’avons pas eu énormément de difficultés à monter ce réseau. Sans doute aussi parce que les collaborateurs d’Easyteam

constituent une population plutôt technophile.

Néanmoins, pour instaurer un réseau social au sein de l’entreprise, il faut s’assurer de certains points. Premièrement, disposer d’un très bon sponsor au niveau de la direction ; deuxièmement – c’est très important – s’appuyer sur des mini « community managers ». Des managers principalement.

Donc, 10 % de la population de l’entreprise va inciter ses collaborateurs à adopter ce nouveau réseau. Avec quelles motivations ? Disposer par exemple d’une information exclusive au sein de Yammer. Tout le monde veut être au courant de tout, c’est très important…

Sponsor et community managers représentent donc des atouts pour vraiment faire décoller le réseau social d’entreprise. Mais on ne les identifie pas forcément au début.

Autre point crucial dont les entreprises doivent également s’assurer: que le réseau social puisse être lu et vu partout. Et consultable avec tous les outils de la mobilité : tablettes, téléphones, ordinateurs portables. Notamment dans le cas d’une population extrêmement mobile, comme chez nous.

Restreindre le réseau social aux seuls ordinateurs, c’est se priver d’une information ultra réactive et ultra temps réel !

LeMagIT : Le Byod, aussi facile à implémenter ?

Nicolas D’Ambrosio : Ce deuxième gros projet a fait l’objet d’une discussion en interne. Normal : parallèlement à la refonte des fondations réseau d’Easyteam, l’externalisation dans le cloud, le réseau social… sont apparus les tablettes, les smartphones et des ordinateurs vraiment personnels au sein de l’entreprise.

Nous avons pris le temps d’aborder le problème avant de proposer à nos  consultants un package et un dédommagement financier pour qu’ils apportent et utilisent leurs propres matériels pour travailler. L’entreprise Easyteam assure quand à elle la sécurité, point particulièrement sensible quand on réduit la frontière entre univers personnel et professionnel.

LeMagIT : Comment cela se passe-t-il ?

Nicolas D’Ambrosio : On impose un cadre de travail,  les systèmes de configuration, une certaine mise en conformité au niveau sécuritaire à celui du système d’information et on fournit des éléments…

C’est beaucoup plus simple qu’avant. Quand il s’agissait d’ordinateurs portables,  nous avions, en effet, une grosse problématique de profils (de quoi telle personne a besoin, de quelles ressources l’alimenter lorsqu’elle travaille sur telle technologie ou sur telle information, quelle est la particularité de son poste –forcément quelque chose de plus léger pour le commercial, mais qui tient plus longtemps en batterie ; quelque chose de très puissant pour le consultant, mais qui peut être lourd …).  Nous avions du mal à appréhender tout ça et de plus, nous devions faire face à un important retour en SAV.

Donc, nous avons présenté le BYOD comme un projet aux consultants, en ayant tout de même conscience des avantages que cela leur procurait.

Finalement,  100 % d’entre eux l’ont adopté. Cela a permis à la DSI, encore une fois, de consacrer un peu moins de temps à la partie hardware et de se rapprocher des métiers.

Le fait de proposer aux consultants d’apporter avec eux un outil qui leur plaisait a été un élément déclencheur. Et bénéfique: le plaisir de l’outil améliore la productivité.

LeMagIT : Nombre de vos collègues DSI ne sont pas si décontractés à propos du Byod…

Nicolas D’Ambrosio : La problématique de sécurité est souvent mise en avant. Et, effectivement, de ce point de vue, tous les SI ne sont pas adaptés à un projet BYOD.

Mais la principale complication est : « comment faire avec des SI comportant beaucoup d’applications très implémentées, comme l’ERP, la DRH, la paie…. Comment ouvrir un accès à tout cela avec du matériel personnel ? Pas simple, effectivement.

Chez Easyteam, alors que nous étions en train de refondre et d’externaliser tout notre système d’information, l’opportunité s’est présentée d’adapter tout simplement un projet BYOD à la sécurité interne et externe de l’entreprise.

La problématique est toute autre quand on a beaucoup d’applications locales et qu’il s’agit d’y accéder avec  du matériel personnel.

Mais, pour évoquer un autre frein, j’ai l’impression que certains DSI craignent avec l’implémentation d’un projet BYOD, de perdre un peu de l’intérêt qu’on porte à leur service au sein de l’entreprise…

Mon avis est tout autre : la DSI ne doit plus s’occuper de ce genre de chose. Au contraire, il faut qu’elle se positionne comme une valeur ajoutée pour les consultants, les salariés et, bien sûr,  les clients.

 

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