Tintri va-t-il subir le même sort que Violin Memory ? Alors en faillite le spécialiste des mémoires flash avait été racheté au printems 2017 par Quantum Partners, une filiale de Soros Fund Management, le fonds d’investissement créé par le milliardaire Georges Soros. Un rachat qui a permis à la société, rebaptisée Violin Systems, d’être toujours active. Dirigée depuis le mois dernier par Mark Lewis, l’ex-CTO d’EMC, elle tente aujourd’hui de se relancer.

A présent il n’y a pas d’autre issue pour Tintri. Entré en bourse il y a un an, l’autre spécialiste du stockage flash était alors valorisé 800 millions de dollars. Il ne vaut plus à présent que 7 millions de dollars. Ses actions sont cotées 7 cents, bien loin de son prix d’introduction de 7 dollars, et se font éjecter du Nasdaq.

Avec 1.600 clients satisfaits parmi lesquels Verizon, Comcast ou encore la marine américaine, l’entreprise pourrait être en bien meilleur état qu’elle ne l’est. Or le mois dernier, dans un document destiné à la SEC, elle indiquait qu’elle n’avait pas assez de liquidités pour poursuivre son activité. Elle annonçait par ailleurs le licenciement de 200 collaborateurs, parmi lesquels le vice-président exécutif en charge des ventes mondiales et des alliances, Tom Cashman, ce qui ramenait son effectif entre 40 et 50 collaborateurs.

Flextronics, qui fabrique les appliances de la société a rompu son contrat avec celle-ci pour non-paiement de factures. Au 30 avril Tintri avait pour 9,3 millions de dollars d’accords d’achats avec ce partenaire OEM.

Lors de la publication de ses résultats trimestriels fin mars, le spécialiste du stockage faisait état d’un chiffre d’affaires de 28,9 millions de dollars, en chute de 29% sur un an, et d’une perte GAAP par action de 1,19 dollars.

Côté direction, cela tangue sérieusement. Au mois de mars, le CEO, Ken Klein, laissait sa place à Tom Barton, qui fut notamment le CEO de Rackable. Le mois dernier, il celui-ci démissionnait à son tour. La société est donc dirigée par son CTO et co-fondateur Kieran Harty, en attendant la nomination hypothétique d’un nouveau CEO. En avril, le directeur financier avait déjà quitté son poste, laissant la société sans CFO.

Comment en est-on arrivé là ? « La chute précipitée de Tintri est due en partie à des erreurs de gestion et à des désaccords entre la direction exécutive et d’autres cadres supérieurs », écrit le site The Information, qui a recueilli les confidences d’une bonne demi-douzaine d’employés, anciens ou toujours en activité.

Interrogé par nos confrères de CRN, le CEO et fondateur de P1 Technologies, un fournisseur de solutions californien qui fut longtemps un partenaire de la société, a expliqué que ce qui arrivait à Tntri était une honte. Il a fait état de l’inquiétude des clients. « Quelle poisse disent nos clients. Les clients adorent le produit. Ils aiment la facilité avec laquelle on administre le produit. Ils estiment qu’il ne faut rien y changer. Il est compatible VMware. Cela gère les données au niveau des VM et non à celui des LUNs. Simplement, vous voyez des machines virtuelles, gérez des machines virtuelles et déplacez des machines virtuelles. »

Un avis partagé par Alex Taylor, consultant chez Ivoxy Consulting. « C’est une des technologies les plus fiables que j’ai connu au cours de mon expérience de 25 ans dans l’IT. C’est la première fois que je dois présenter mes excuses pour avoir conseillé un produit sur le marché », se désole-t-il.