Spécialiste des coups financiers spectaculaires, Dell envisagerait une fusion inversée avec sa filiale VMware, dont il détient 80%, révèle CNBC. Cette opération, qui serait la plus importante jamais réalisée dans le secteur technologique, permettrait à Dell, privatisé en 2013, de retourner en bourse sans passer par une IPO dont l’issue est imprévisible. En effet, les 20% du capital non détenus par le constructeur sont cotés au New York Stock Exchange. La valorisation de VMware est d’environ 56 milliards de dollars. VMware est une entreprise très rentable. En 2016 elle avait dégagé 1,2 milliard de dollars de bénéfice et devrait dépasser ce montant pour son exercice 2017.
Ces rumeurs ont fait plonger le titre. A l’heure où nous écrivons il a perdu près de 25%.
Si ce scénario – plutôt audacieux – est retenu, VMware attribuera des actions aux propriétaires de Dell, Michael Dell et le fonds Silver Lake, qui pourront ensuite les revendre sur le marché et ainsi monétiser leur investissement. D’autres plans existent, comme la vente de la participation de Dell dans VMware ou une introduction en bourse du constructeur. Le conseil d’administration de ce dernier se réunira le mois prochain pour fixer son choix.
En acquérant EMC (dont VMware était le joyau) pour 67 milliards de dollars en 2016, Dell s’est endetté à hauteur de 50 milliards de dollars, une situation intenable pour Jeff Matthews, un ancien gestionnaire de hedge fund reconverti en analyste du secteur technologique. Ce dernier a expliqué à CRN, que la réforme fiscale votée le mois dernier obligeait Dell à modifier sa dette et sa structure capitalistique. Le texte adopté par le Congrès prévoit une réduction de l’impôt sur les sociétés, qui passe de 30 à 21%. Mais il limite également fortement le montant des intérêts déductibles. « Le monde autour d’eux (Dell) a changé en une nuit quand la réforme d’imposition est passée », estime Jeff Matthews. « Tout ou partie du montant des intérêts que vous pouvez déduire de vos impôts a été sérieusement réduit. Et il sera encore resserré au fil du temps. De mon point de vue, il n’est pas étonnant qu’ils souhaitent faire quelque chose afin de réduire toute cette dette. » D’autant que Dell doit rapidement trouver des liquidités pour rembourser la partie de sa dette qui arrive à échéance cette année.
En attendant, VMware vient de confirmer auprès du Silicon Valley Business Journal le licenciement de 158 collaborateurs, essentiellement au siège de Palo Alto. Rien n’indique que les deux événements sont liés. Il y a 15 jours, CNBC avait annoncé des licenciements chez le spécialiste de la virtualisation sans en préciser l’ampleur. « Nous pouvons confirmer qu’il y a une petite réduction des effectifs chez VMware cette semaine », avait alors reconnu un porte-parole de la société. « Le réajustement des effectifs est une activité permanente au sein de nos activités et zones géographiques afin de s’assurer que les ressources sont alignées sur nos objectifs commerciaux et les besoins des clients. Nous continuons de recruter dans des domaines d’importance stratégique pour l’entreprise. »