Société spécialisée dans les bases de données PostgreSQL, le français Dalibo milite pour l’open source comme vecteur de relance de l’économie nationale. Portrait de cette société atypique.

Alternative open source aux grands systèmes de gestion de bases de données propriétaires, PostgreSQL commence à s’imposer dans les entreprises favorisant l’émergence de nouveaux acteurs spécialisés. C’est le cas de Dalibo, le principal prestataire de services français autour de PostgreSQL.

Société d’une quinzaine de personnes, Dalibo fournit des prestations d’expertise (audits, architecture, tests de montée en charge, optimisation, sécurisation, etc.) pour le compte de grands intégrateurs et de sociétés de services dans le cadre de projets de déploiements et de migration, ainsi que du support et de la formation aux entreprises. La société contribue également pour 20% de son temps au projet PostgreSQL.

Créé en 2005, Dalibo enregistre une croissance de 30% par an depuis trois ans. Une croissance qui reflète exactement celle du marché selon Damien Clochard, co-fondateur en charge de la direction technique de l’entreprise. Un marché dont il situe le décollage en 2010, peu après le rachat de Sun Microsystems, et donc de MySQL, par Oracle.

« En poussant Oracle à lier ses ventes de logiciels à celles de ses matériels, ce rachat n’a fait qu’aggraver le problème d’enfermement propriétaire (« vendor Lock-in ») dont se plaignaient déjà les clients d’Oracle Database », souligne Damien Clochard. Quant à l’avenir de MySQL, Oracle n’a pas dévoilé ses intentions. « Mais beaucoup redoutent qu’il ne décide de fermer le code au maintien duquel il s’était engagé jusqu’à la fin de 2014 ».

Des facteurs qui ont ouvert un boulevard à PostgreSQL. D’autant que le projet ne manque pas d’atouts, comme le détaille Damien Clochard : outre le fait qu’il soit open source – ce qui laisse l’opportunité aux clients de « changer de prestataire sans remettre en cause l’existant » – il se distingue par sa gouvernance ouverte, qui le met à l’abri « du contrôle d’un éditeur monopolistique ».

Mais surtout, il bénéficie de la « forte capacité d’innovation de sa communauté » – en témoigne l’intégration récente d’un module MED (Managment of external data) qui en faire le point d’entrée unique vers de multiples autres formats de stockage des données – et par sa propension à faire la synthèse des dernières tendances (notamment celles venues du NoSQL)…

Présentée comme la base de donnée open source la plus évoluée du moment, PostgreSQL vient d’ailleurs d’obtenir une forme de consécration en rejoignant Microsoft SQL, Oracle Database et MySQL, au catalogue des bases de données officiellement référencées par Amazon Web Services pour sa plate-forme RDS.

Dernier argument, et non des moindres, mis en avant par Damien Clochard en faveur de la base de donnée open source : en réorientant les budgets des clients consacrés à l’achat de licences propriétaires d’éditeurs d’origine US vers l’achat de prestations de services, elle favorise l’émergence d’un écosystème local qui bénéficie à l’économie nationale.

Mais gérer 30% de croissance annuelle sur un marché entravé par une pénurie aigüe de compétences relève de la gageure. Pour stabiliser son équipe et maintenir son expertise dans la durée, la société a opté pour le statut de SCOP (société coopérative et participative), qui permet à chaque salarié de devenir actionnaire de l’entreprise et de s’impliquer dans sa gestion. Actuellement, la moitié de l’effectif est actionnaire.

Moyennant quoi, la société est confiante dans sa capacité à continuer de grossir : Damien Clochard espère ainsi doubler son effectif au cours des 24 prochains mois malgré les difficultés de recrutement, la concurrence des grands éditeurs et la frilosité compréhensible des clients à changer de gestion de bases de données, « la brique sur laquelle repose tout leur système d’information ».