Matt Garman, vice-président en charge des ventes et du marketing chez AWS, prend pour cible les pratiques de Microsoft visant à faire payer plus cher les licences de ses logiciels lorsqu’ils sont exécutés dans les clouds de ses rivaux.
« Les clients et les décideurs politiques du monde entier considèrent de plus en plus la récente rhétorique de Microsoft en matière de licences comme un aveu troublant des mêmes tactiques anticoncurrentielles que de nombreuses entreprises soulèvent avec eux depuis des années, mais qui sont restées lettre morte jusqu’à ce qu’elles soient soumises à la Commission européenne », écrit en préambule le dirigeant d’AWS dans un message publié sur LinkedIn.
On se rappelle qu’en mai dernier, après avoir été visé par une plainte d’OVHcloud et Nexcloud pour pratiques anticoncurrentielles, Microsoft s’était engagé à revoir et simplifier ses licences en Europe pour aider les fournisseurs de cloud à héberger ses solutions et ses clients à utiliser leurs licences chez d’autres fournisseurs, de la même manière qu’ils le font dans Azure.
Selon Matt Garman, le chemin suivi est bien différent : « Sous prétexte de répondre aux besoins technologiques européens, Microsoft propose de sélectionner des fournisseurs de cloud qui lui font une moindre concurrence [que les autres géants du cloud] et de permettre à ses logiciels de fonctionner uniquement sur ces fournisseurs ».
Ce n’est pas de l’équité dans l’octroi de licences et ce n’est pas ce que les clients veulent », ajoute-t-il. « Nous continuons d’entendre des clients du monde entier dire que les pratiques discriminatoires de Microsoft en matière de licences leur coûtent des millions de dollars et réclament la liberté de travailler avec qui ils le souhaitent. »
Matt Garman accompagne son message d’un lien vers une tribune de Steve Weber, professeur à Berkeley, qui plaide pour davantage de régulation du cloud. Selon Weber les concessions de Microsoft en Europe sont un pas dans la bonne direction mais encore insuffisant.
« Tant que les clients Google Cloud et Amazon AWS sont toujours désavantagés par le système de tarification des logiciels d’entreprise de Microsoft, la plupart des clients européens devront continuer à absorber des prix plus élevés pour certaines applications d’entreprise importantes s’ils choisissent de ne pas « passer » à un bundle exécuté dans Azure », déclare-t-il.
Microsoft met pour sa part en avant les économies que l’intégration permet à ses clients. « Pour ne citer que deux exemples, il est jusqu’à 80 % moins coûteux d’exécuter des machines virtuelles Windows Server sur Azure et des machines virtuelles SQL Server sur Azure qu’avec notre principal concurrent », a fait valoir le PDG de Microsoft Satya Nadella lors de la conférence Inspire. Il a également évoquer des économies de 60% avec la suite Microsoft 365 et de 80% avec la plateforme d’automatisation de processus métier Power Platform par rapport à d’autres concurrents.
« Les autorités réglementaires aux États-Unis et en Europe se sont opposées il y a longtemps à cette stratégie de regroupement en ce qui concerne les systèmes d’exploitation et les navigateurs Web », rappelle Steve Weber. Et de conclure : « Voulons-nous vraiment attendre que le même type de problème entrave davantage le développement de la concurrence et de l’innovation dans le cloud ? »