Alors qu’il vient d’achever processus de circularisation de ses créances, Ares entame l’apurement de sa dette, dernière étape avant la présentation de son plan de redressement prévue pour fin du mois de mars.

 

Les dettes d’Ares se montent-elles à 147 M€ comme l’affirme sur le forum de Boursier.com un internaute se présentant comme un créancier chirographaire (non prioritaire) de la société de services ou à 63,6 millions d’euros comme le soutient Michel Berjamin, le PDG d’Ares ? Cette question revient au centre des conversations alors que les administrateurs judiciaires en charge du dossier Ares viennent d’achever la circularisation (vérification des comptes) des créanciers.

 

 

En fait, les deux chiffres sont exacts. Le premier est celui du passif déclaré. Il intègre les créances à échoir (y compris les loyers sur la durée des bails), les soldes factor au jour du RJ et les créances intragroupe (entre Ares SA et Groupe Ares). Le second est celui du passif exigible vérifié par les mandataires de justice, selon Michel Berjamin. Ce montant se découpe en 48,8 M€ de passif apurable et en 14,8 M€ de TVA et d’AGS (assurance de garantie des salaires) non apurables.

 

 

Près de 750 créanciers passés au crible

 

A l’issue de ce travail de circularisation, Ares a donc pu s’attaquer à l’apurement de sa dette. Dans une lettre que la société vient d’envoyer à ses quelque 750 créanciers, la société leur propose d’abandonner leur créance en échange d’un paiement cash de 25%. Un plan d’apurement accepté à l’unanimité par les principaux créanciers du groupe, réunis au mois de décembre, selon Michel Berjamin.

 

 

Dans le cas où, ils n’accepteraient pas cet arrangement, les créanciers devront se contenter d’un remboursement progressif étalé sur 10 ans avec un premier versement de 1% la première année et de 2% la deuxième. Ils ont 30 jours pour faire connaître leur position.

 

 

C’est seulement à l’issue de ce processus de consultation que l’on connaîtra le véritable passif d’Ares et que les administrateurs judiciaires de l’entreprise pourront présenter le plan de continuation au Tribunal de commerce, seul juge de la viabilité de l’entreprise. Les salariés d’Ares devront donc attendre la fin mars pour être fixés sur leur sort.

 

 

Quinze millions d’euros à payer cash

 

Dans le meilleur des cas donc, la dette exigible d’Ares pourrait être ramenée à moins de trente millions d’euros, dont une douzaine à payer immédiatement (soit 25% de 48,5 M€). Une somme que Michel Berjamin se fait fort de réunir en utilisant le solde des cessions, les dépôts de garantie factor pré-RJ et en puisant dans les réserves de l’entreprise.

 

 

L’autre incertitude concerne l’évolution de l’activité. Le dernier chiffre d’affaires connu, celui du premier semestre 2008-2009 (période avril-septembre 2008), c’est à dire juste avant le premier impact de la crise financière sur les comptes des entreprises françaises, était en ligne avec les prévisions (100 M€ sur l’exercice). Mais quid de celui du second semestre, sachant qu’en sus du ralentissement économique, Ares doit affronter la défiance des clients qui attendent la sortie du redressement judiciaire ?

 

 

70% de récurrent

 

« Notre activité est constituée à 70% de contrats pluriannuels récurrents et je puis affirmer que nous n’avons enregistré aucune résiliation », se félicite Michel Berjamin. Pour le reste, ce dernier admet une certaine « mollesse » dans le business mais il assure que le taux d’inter-contrats reste dans des limites acceptables (moins de 7%) et que les revenus annuels ne seront que « légèrement » en dessous des objectifs.

 

 

Alors faut-il croire aux chances d’Ares d’obtenir un jugement favorable pour son plan redressement ? Si certains commencent à en douter, notamment parmi les salariés à en juger par le nombre de démissions, pour Michel Berjamin, le doute n’est pas permis. Il rappelle que la loi de 2005 sur les procédures de sauvegarde privilégie la continuation à la cession. Selon lui, la société est viable avec son effectif actuel (1132 personnes, ndlr) alors qu’une cession déboucherait inévitablement sur « quatre cents licenciements au bas mot ». Il ne reste plus qu’à convaincre le Tribunal.