L’Etat va injecter 75 millions d’euros dans le cloud tricolore. Les partenaires du projet, Orange et Thalès ont-ils besoin de cet argent public pour se lancer ? Et où sont les autres acteurs français du cloud ?

 

L’Etat, via le Fonds national pour la société numérique (FSN), va injecter 75 millions d’euros dans l’un des deux projets de clouds tricolores. Issus tous deux du projet Andromède, le projet mené par Orange et Thalès retenu et le projet concurrent de SFR devraient récolter chacun une obole étatique équivalente. A condition que le second voie le jour, ce qui est probable mais pas sûr, les négociations avec le consortium de partenaires pressentis n’ayant pas encore abouti.

Réglée par la caisse des dépôts, le financement de 75 millions d’euros du FSN qui nous intéresse devrait s’ajouter aux investissements de l’opérateur historique et de l’ex-Thomson-CSF, deux entreprises qui furent naguère dans le giron de l’Etat et qui ont réussi, au fil des années, à développer une culture d’entreprise privée tout en conservant un lien ombilical avec leur ancien propriétaire, lequel figure d’ailleurs toujours parmi leurs actionnaires.

Tous ces investissements réunis bout-à-bout représenteront 225 millions destinés a créer une centrale numérique de confiance destinée à héberger et à traiter dans des datacenters situés en France les données des entreprises et administrations françaises dans un premier temps, le nouveau venu ayant vocation à devenir un leader européen. Et à, paraît-il, créer 1.000 emplois dans l’Hexagone. Ce qui est toujours bienvenu, mais reste à vérifier.

Le nouvel ensemble, comme le rappelle Orange et Thalès dans un communiqué, est ouvert à l’entrée de nouveaux partenaires industriels. Encore faut-il les trouver, Dassault Système, qui participa au projet dès le début a, comme on le sait claqué la porte à la fin de l’année dernière, trouvant apparemment le leadership d’Orange trop encombrant.

Ce dernier sera à n’en pas douter un des grands bénéficiaires de l’argent public généreusement distribué. Et ne s’en cache pas. « Andromède apporte aussi à Orange une infrastructure industrielle et à grande échelle qui contribuera à nos offres cloud », se félicite le directeur exécutif d’OBS, Vivek Badrinath, dans le communiqué. L’opérateur avait-il vraiment besoin des deniers de l’Etat pour se lancer ?

Andromède, version 1, a incontestablement une certaine ressemblance avec les plans « de modernisation » (nucléaire, économique, informatique…) sorti des bureaux des grands corps de l’Etat qui ont jalonné la vie économique française depuis plusieurs décennies.

On peut d’ailleurs e demander pourquoi, pour bâtir un cloud tricolore, ne fait-on pas plus confiance à des acteurs totalement privés, souvent plus économes des deniers publics.

Dans une tribune publiée dans Le Cercle-Les Echos, le PDG d’EMC France, Jean-Michel Giordanengo, salue la « brillante initiative » d’Andromède, et bien sûr celle d’Atos avec Canopy à laquelle le spécialiste du stockage est d’ailleurs associé. « Mais, ajoute-t-il, n’oublions pas les vraies avancées de petits et moyens acteurs partout en France avec un coup de cœur particulier pour la société Sigems dans le domaine de la santé ou Navaho, Intégra et Chéops dans des domaines plurisectoriels qui ont réussi sans l’aide de l’Etat ».