Sans surprise, les retards de paiement s’envolent depuis le début de la crise du Covid-19. C’est ce qui ressort du premier Tracker sur les retards de paiement des entreprises publié par Sidetrade, en partenariat avec BFM Business. Le décollage est même conséquent puisqu’il atteint 56% dans l’Hexagone depuis que les mesures de confinement sont entrées en vigueur. En libre accès pour l’ensemble des décideurs du privé et des pouvoirs publics, cet outil vise à alerter les acteurs économiques quant à la nécessité de « gestes barrières » économiques essentiels, tels que l’adoption d’un comportement de paiement responsable vis-à-vis de ses fournisseurs, afin de ne pas amplifier davantage les effets de la crise pour les entreprises déjà en difficulté.
Sidestrade rappelle que le crédit inter-entreprises est un enjeu majeur pour l’économie française avec un montant évalué par la Banque de France à plus de 700 milliards d’euros, ce qui en fait la première source de financement des entreprises. Ce pactole représente à lui seul l’équivalent de trois à quatre fois le montant des crédits à court terme accordés aux entreprises par l’ensemble des banques. Selon la Banque de France, depuis quelques années les retards de paiement sont à l’origine d’une faillite d’entreprise sur quatre, touchant principalement les PME.
Le 23 mars, le Médiateur des entreprises et le Médiateur national du crédit ont indiqué qu’ils avaient enregistré en deux semaines l’équivalent de 3 mois de saisine. Bercy a alors déclaré que toute entreprise qui ne jouerait pas le jeu vis-à-vis de ses fournisseurs en matière de délais de paiement perdrait systématiquement la garantie de l’Etat pour un éventuel crédit bancaire. A la lecture du Tracker on s’aperçoit qu’on est loin du compte.
Le pourcentage de retards est d’autant plus inquiétant qu’il ne concerne que les retards supérieurs à dix jours au-delà de la date d’échéance de la facture. Ces 10 jours correspondent à la moyenne européenne observée par Sidestrade en temps normal. A titre de comparaison, entre le 1er janvier et le 11 mars, seules 19,25% des factures faisaient en France l’objet d’un impayé avec plus de 10 jours de retard. Au 13 avril, ce taux montait à 30% d’où les 56% de hausse observés. Le montant des impayés atteignait ainsi 210 milliards d’euros, contre 135 milliards d’euros en moyenne en temps « normal ». Cela représente donc 75 milliards d’euros de trésorerie en moins pour les entreprises qui subissent ces retards de paiement.