Microsoft a lancé Windows Virtual Desktop en disponibilité générale le 30 septembre dernier. Présenté pour la première fois en septembre 2018 et disponible en preview publique depuis mars dernier, Windows Virtual Desktop est un service de virtualisation de Windows s’exécutant dans Azure. Il permet notamment d’utiliser Windows 10 en multisession, autrement dit, d’exécuter plusieurs utilisateurs sur une même machine virtuelle. Et il offre des fonctions de bureau virtuel et de virtualisation d’applications grâce à l’exécution à distance des applications Windows dans des machines virtuelles Azure. En dispensant les entreprises de stocker leurs applications et leurs données en local, Windows Virtual Desktop permettrait ainsi de réduire jusqu’à 80% les coûts d’infrastructure pour l’utilisateur final, estime Jed Ayres, directeur général d’Igel Amérique du Nord, dans une interview publiée par CRN.

Cerise sur le gâteau : Microsoft offre également aux utilisateurs de Windows Virtual Desktop de virtualiser leurs postes de travail Windows 7 avec prise en charge des mises à jour de sécurité jusqu’en janvier 2023. Autrement dit, ils pourront bénéficier des mises à jour de sécurité pour Windows 7 après la fin officielle du support de Microsoft après le 14 janvier 2020, sans frais supplémentaires, comme le souligne ZDnet. Si l’on ajoute à cela un modèle de licence simplifié par rapport à ce que proposait Microsoft jusqu’ici – débouchant là encore sur des économies substantielles (de l’ordre de 60%, toujours selon Jed Ayres) – les économies de main d’œuvre induites, les avantages en termes de flexibilité et de sécurité, on peut raisonnablement penser que Windows Virtual Desktop va rapidement s’imposer comme un incontournable. Selon Jed Ayres, 50 millions de clients pourraient passer à Windows Virtual Desktop au cours des trois prochaines années. D’autres parlent même de 70 millions. Et en assurant le succès de Windows Virtual Desktop, Microsoft consolide celui d’Azure.

Dans ce contexte, on peut se demander si Windows Virtual Desktop sera plutôt un accélérateur de croissance pour l’écosystème partenaire ou au contraire un frein. Bruno Laureti, directeur technique de l’intégrateur francilien Project SI, y voit clairement une opportunité. « Avec ce service, nous pourrons adresser des besoins tels que : la fin de support de Windows 7 Pro ; l’hébergement du poste de travail pour les applications métiers qui ne supporte pas le mode RDS ; les solutions « all inclusive » pour nos clients PME ; le VDI by Microsoft Azure… », expose-t-il. Pour lui, ce n’est ni plus ni moins « qu’une brique de service complémentaire à [son] portfolio de solutions Cloud ». Même enthousiasme de Lenny Vercruysse, président de Be-Cloud, un revendeur spécialisé dans la commercialisation en ligne des offres cloud de Microsoft : « c’est une opportunité énorme pour Be Cloud. Je n’ai pas encore bien tous les contours de l’offre mais si elle évolue à terme vers un « vrai » clone dans le cloud du Windows 10 local du client et pas un nouveau bureau comme le permettait déjà RDS – ce qui permettrait par exemple de redémarrer une machine Win10 qui sort du carton en quelques minutes – alors, ça va être massif ! »

Pour Didier Comet, directeur général de Scriba, « Microsoft dispose enfin d’une offre DaaS digne de ce nom. Une offre jusqu’alors était bien plus aboutie avec Amazon Workspace… un comble ! « Il souligne ainsi que Microsoft a pris « un tournant attendu depuis longtemps par les partenaires qui s’appuyaient sur les services RDS en rendant « enfin » l’OS client (Windows 10 en l’occurrence) multisession« . Cela permet « une plus grande compatibilité avec les applications « traditionnelles »« . Il salue « les optimisations apportées autour de l’utilisation d’office 365 (Outlook, Onedrive, etc.) grâce à l’intégration native de FsLogix dans ces environnements virtualisés ». « Il y a fort a parier que le solution DaaS de Microsoft répondra aux besoins de certaines PME et encouragera l’hybridation vers le cloud et Azure en particulier. » Didier Comet émet toutefois une réserve : « On peut regretter néanmoins l’absence d’optimisation au niveau de la bande passante qui imposera un débit conséquent chez les clients (au moins 1.5 Mps par utilisateur.) »

Mais d’autres sont beaucoup moins enthousiastes. C’est le cas du patron de ce revendeur de référence en Poitou-Charentes : « La solution Windows Virtuel Desktop est séduisante sur le papier mais nous n’avons pas encore suffisamment de recul pour porter un jugement pertinent. Il est nécessaire de regarder quels modes de tarification doivent être appliqués et les interactions avec l’infrastructure existante chez nos clients. Mais surtout, j’ai un peu peur qu’elle ne se transforme en piège à long terme. D’un côté, Microsoft encourage les partenaires à utiliser les services d’Office 365 et d’Azure et on comprend bien pourquoi. De l’autre côté ceux qui comme moi dispose d’un contrat SPLA depuis de nombreuses années sont victimes d’une tarification qui ne cesse d’augmenter pour nous pousser à abandonner ce programme au profit d’un hébergement dans Azure. Cette manière de nous tordre le bras pour changer de modèle économique n’est pas très respectueuse de notre partenariat ancien. L’arrivée de Windows Virtuel Desktop est une nouvelle manière de contraindre les clients et les partenaires à migrer vers Azure avec, certes, un avantage souvent financier à court terme. Mais nous connaissons Microsoft, qui ne manquera pas d’augmenter ses tarifs lorsqu’il aura atteint la taille critique. »

Des inquiétudes que partage Jed Ayres, directeur général d’Igel Amérique du Nord : Les plus gros perdants potentiels du nouveau modèle de consommation d’Azure Windows seront les MSP ainsi que les fournisseurs de solutions de sécurité et de systèmes d’extrémité qui ont gagné « des milliards de dollars » en « vendant, gérant, patchant, et sécurisant Windows ». « Le nouveau modèle proposé par Microsoft, où Windows sera consommé sur Azure avec des performances inégalées en matière de sécurité, d’économie et de performance, est sur le point de semer le chaos parmi les MSP et les revendeurs dont le modèle repose encore sur la distribution et la gestion du cycle de vie de périphériques Windows. », estime-t-il.